Solo Alphas

C’est un jour de grande importance pour les clans des chiens. En effet, celui géré par le chef Aurore a pris le parti de s’unir à celui commandé par Montagne. Afin que cette association soit franche et pérenne, Désir, le fils de ce dernier, a été désigné pour se lier à Etoile, fille d’Aurore. Tout pourrait aller pour le mieux sauf que la jeune chienne aime Origine et que cette union forcée n’est évidemment pas pour leur plaire. Aussi, Désir qui a surpris leur manège amoureux a décidé de se débarrasser de son rival. Après un combat violent, Origine, à moitié étourdi, est jeté du haut d’une falaise. A l’issue d’une torpeur de deux jours, il s’aperçoit que l’un de ses amis, Roche, est venu le soigner à l’insu des autres du clan. Après lui avoir fourni des armes et des vivres, celui-ci l’incite à quitter instamment les lieux pour sauver sa peau. Mais avant de partir, Origine revient au village et entraîne dans sa fuite sa dulcinée Etoile. Malheureusement, la poursuite s’organise rapidement avec Désir en tête. Est-ce que les deux fuyards pourront éviter de tomber entre les griffes de ce dernier, permettant à Origine d’être l’Alpha ?

Par phibes, le 30 janvier 2022

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Notre avis sur Solo Alphas

A la suite d’un concours qu’il a organisé sur son blog, Oscar Martin a été attiré par le talent de Juan Alvarez et lui a permis de participer à plusieurs collectifs de Solo. Très inspiré par cet univers zoomorphe et par son âpreté, ce dernier s’est rapproché du patron de cet univers pour concocter ensemble cette histoire, véritable préquelle du tome 3 de la saga originelle.

De fait, on se replonge dans cette ambiance postapocalyptique que l’on connaît déjà au sein de laquelle un chien et une chienne vont devoir, par amour défendu, tenter de sauver leur peau contre des congénères qui les poursuivent et aussi contre un environnement décadent ô combien menaçant.

Oscar Martin nous invite à suivre ses personnages en pleine débandade, dans un rythme assurément très poussé et dans une débauche de violence imparable. Après une ouverture sans ambages, l’artiste génère une intrigue certes simple (une course-poursuite haletante) mais productrice de grosses sensations jusqu’à un final qui a intentionnellement un air de déjà-vu.

Désirant de la diversité, il donne l’occasion à ses personnages principaux de faire des émules et de nous entraîner peu à peu dans une quête aux rencontres de plus en plus fourmillantes. La sauce aigre distillée au fil des pages égratigne sans pitié notre soif d’aventure, de justice au point de lui faire atteindre volontairement un degré de noirceur qui plombe cette envie de liberté. Car dans ce monde, les bons moments ont peu d’emprise sur la réalité du monde de Solo et autres, et qu’à tout instant, un virement radical peut s’opérer.

Au niveau des illustrations, on comprend l’intérêt d’Oscar Martin. En effet, cette équipée a l’avantage d’être animée par un coup de crayon aussi aiguisé que les cimeterres qui tranchent dans le vif au sein des planches. Oui, Juan Alvarez peut se targuer de nous mettre plein les mirettes en nous offrant un travail énorme cohérent avec celui de son maître, bénéficiant d’une rigueur cartoonesque qui lui permet de croquer des situations à la violence palpable. Tout en proportion, son dessin bénéficie d’une saveur acidifiante qui met en avant des personnages de toute sorte, du chien au rat en passant le chat et autres bestioles peu ragoutantes, dans des instantanés parfaitement maîtrisés, avec des expressions et une gestuelle impressionnantes. Le tout est mis en relief par une colorisation réalisée à six mains qui ne dépare pas du reste de cette grande saga.

Un one-shot sombre d’une efficacité et d’une violence redoutables qui prend toute sa place dans l’œuvre générale de Solo.

Par Phibes, le 30 janvier 2022

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