Le soldat inconnu vivant

Le 1er février 1918, un train de militaires estropiés, invalides arrive en gare de Lyon Brotteaux. Les rapatriés sont pris en charge et évacués, mais sur le quai reste un homme, sans papiers, sans plaque d’identité, amnésique, il ne peut répondre à la moindre question.
Incapable de communiquer, dans le premier asile où il est hébergé, il hérite du nom d’Anthelme Mangin. D’hôpital en asile, le malheureux finit au bout de deux années par atterrir à Rodez dans le service du Professeur Fenayrou qui, honnête homme, ne se satisfait pas de cette identité trop vite appliquée et décide de lancer un avis de recherche dans la presse nationale.

Par olivier, le 26 février 2012

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Notre avis sur Le soldat inconnu vivant

Jean Yves Le Naour s’est emparé d’une histoire vraie, dramatique, qui a le mérite de mettre en exergue la détresse de tous ceux qui ont perdu un père, un fils, lors de cette terrible guerre de 1914 et dont le corps n’a pas été retrouvé, laissant toujours un espoir auquel se raccrocher.
C’est un album où l’on entre par curiosité mais où l’on reste fasciné, captivé par le récit et les images, toutes en noir et blanc, comme des instantanés photographiques.
Dans tout ce bouillonnement autour de celui qui devient la personnification vivante de tous les disparus de la grande guerre, c’est une immense détresse qui est évoquée.
Le docteur Fenayrou va tout entreprendre pour redonner une identité à ce patient, loin des électrochocs et de la physiothérapie. Sa patience, sa volonté de le protéger, son humanisme vont lui attirer l’inimitié violente de tous ceux qui cherchent à retrouver chez Mangin un être cher. Comment peut-on faire son deuil, se recueillir lorsque le doute subsiste, à l’issue de la première guerre mondiale, ce doute été partagé par 250 000 familles.
Jean Yves Le Naour dépeint avec justesse et émotion cette ambiance étrange où la surexcitation médiatique et populaire se heurte à la froideur de la maladie, à cet oubli de soi, cette oblitération du passé qui caractérise Mangin.
C’est un récit tragique où les dialogues sonnent justes, où les caractères sont criants de vérité et où parfois, dans le désarroi perce une petite pointe d’humour.
Le travail de Mauro Lirussi est en parfaite adéquation avec le récit, sombre, intime, avec une puissance qui fait ressortir le ressenti et les sentiments conflictuels qui animent les personnages.

Par Olivier, le 26 février 2012

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