Soixante printemps en hiver

Josy a aujourd’hui 60 ans, sa famille s’est réunie pour fêter cet anniversaire avec elle, pour être à ses côtés, quand soudain, elle se lève, prend une valise qu’elle avait auparavant placée à côté de la porte d’entrée et sort pour aller au garage ou est garé son vieux van… Complètement interloquée par ce geste qu’ils ne comprennent pas, tous la regardent en tentant vaguement de la retenir, mais la décision est prise… Au bout d’un moment, Josy vient se garer sur un parking. Non loin d’elle il y a une petite caravane ou habitent Camélia et son petit garçon Tom. L’amitié s’installe, Josy reconstruit ses repères doucement, rencontre de nouvelles amies et peut-être même un peu plus…

Par fredgri, le 8 juin 2022

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Notre avis sur Soixante printemps en hiver

Ces soixante printemps marquent le tournant d’une vie, un moment charnière ou Josy, l’héroïne de l’album, décide de tout reprendre à zéro, de quitter cette vie fade, usée et presque éteinte pour se redéfinir, peut-être même comprendre un peu mieux qui elle est, profondément.
Sa décision est radicale, car elle doit l’être, sans hésitation, sans regard derrière. Le scénario nous plonge dès les premières pages dans l’impact de ce choix, sans explication futile, sans même nous donner la possibilité de juger, juste d’assister au départ, à l’incompréhension, mais au sourire et au sentiment de bien être qui submerge Josy tandis qu’elle s’éloigne. Les raisons, nous les aurons en temps et en heure, plus tard. Mais c’est cette part de fragilité, d’humanité brute et poreuse qui rend cette femme touchante. Pour une fois, elle ne pense qu’à elle, elle fait sa valise et c’est parti !

Beaucoup de finesse dans ce portrait d’une femme qui se découvre au fil de cette expérience sans compromis. Les dialogues sont justes, vivants, il n’est pas question de forcer le pathos, de tomber dans des échanges plein de rancunes, avec des discours trop généralistes.
Finalement, Josy n’est pas une héroïne, juste une femme qui a besoin de réagir. Peut-être fait-elle des erreurs, peut-être que sa famille pourrait tenter de mieux la comprendre, mais au fond, qu’importe, ces soixante printemps sont le bon moment pour faire quelque chose…

Ingrid Chabbert nous parle du passage des 60 ans, du constat qui se glisse quand on regarde en arrière (comme ça peut être le cas à la quarantaine, à la cinquantaine etc.), s’il faut faire quelque chose, c’est le bon moment ! Loin des grandes épopées, l’aventure qui se dessine dorénavant pour Josy se colore de la beauté du ciel, d’un bruissement de branche, d’un simple besoin de nouveauté…

Pour accompagner la scénariste, nous retrouvons Aimée De Jongh qui nous surprend très agréablement avec cet album, aux antipodes de ce qu’elle avait réalisé dans Jours de sable, chez Dargaud, par exemple. Les planches sont très expressives et élégantes, les ambiances magnifiques et l’ensemble d’une très grande fluidité. Du très très bon travail qui permet, une nouvelle fois de bien se rendre compte de la qualité graphique de cette artiste dont il convient dorénavant de surveiller le moindre projet !

On ne ressort pas indifférent de cette lecture. Une fois la dernière page refermée, on repense à Josy, à cette dernière scène et peut-être esquisse-t on un petit sourire pour elle !

Chaudement recommandé !

Par FredGri, le 8 juin 2022

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