SNUFF
La mélodie du bonheur

Ethan Fargo est un homme seul, un type paumé qui hait les oiseaux. Trainant son désespoir dans les rues de Brooklyn, il aime passer son temps à envoyer des balles de golf dans la mer. Une des rares choses qu’Ethan apprécie, ce sont les comédies musicales qu’il loue dans un vidéoclub sordide de son cartier. Un soir où il était venu emprunter « La mélodie du bonheur », deux hommes cagoulés braquent le gérant du magasin. La situation s’envenime, des échanges de coups de feu ont lieu, et après l’hécatombe Ethan se retrouve en possession d’un dvd. Sur ce dvd est enregistré un snuff movie : à partir de cet instant la vie d’Ethan bascule…

Par melville, le 4 octobre 2010

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Notre avis sur SNUFF #1 – La mélodie du bonheur

Les snuff movies sont des films courts mettant en scène des actes de violences exacerbées sur des victimes innocentes et bien réelles, ces vidéos étant ensuite revendues clandestinement à un public d’amateurs. Le phénomène des snuff movies (qu’ils soient bien réels ou truqués) est une dérive grave, un sujet difficile avec lequel il est aisé de courir tête baissée droit dans le mur. Pourtant, les deux auteurs de Commando Torquemada, Philippe Nihoul et Xavier Lemmens, nous offrent avec La mélodie du bonheur, premier tome de leur nouvelle série Snuff, un récit riche et complexe où se mêle avec habileté et justesse pulpe fiction et satyre sociale.

Le héros de l’histoire, s’appelle Ethan Fargo, Fargo comme le film des frères Coen. J’ignore s’il s’agit véritablement d’un clin d’œil appuyé, mais on retrouve chez Nihoul (pour ce qui est des dialogues), comme chez Lemmens (pour la mise en scène), un regard proche de celui porté par les frères Coen sur la violence. Sur ce choix de l’aborder par l’absurde avec tout ce que cette approche peut avoir de cinglant. Les auteurs s’attachent à la violence du fait divers, à cette violence banale, celle de l’échec. La pire, car la plus proche de nous… Mais pour autant, à l’image du cinéma des frères Coen, l’humour et la dérision sont toujours présentes et « adoucissent » un peu le propos, au moins de prime abord.

Philippe Nihoul mène sont récit d’une main de maître, la narration est fluide et dynamique, le suspense est au rendez-vous et la tension palpable. Il campe des personnages à la forte personnalité. Ainsi, en forçant légèrement leurs traits et en leur offrant des dialogues percutants et savoureux, il donne à son histoire une teinte de pulpe fiction. Mais toujours rééquilibré par la dureté de la trame de fond du récit, le ton n’est jamais à l’humour « gras » et racoleur.
Au dessin et à la couleur Xavier Lemmens se surpasse et nous offre un superbe travail de mise en scène et de jeux de teintes. Son trait vif et acéré saisit l’expression de ses personnages et le mouvement avec force. Epaulé par une mise en couleur alternant les ambiances par jeux sur les tons de chaque planche, c’est tout simplement magnifique. Audacieux, original et singulier, que demander de plus.

La mélodie du bonheur, premier volet de la série Snuff, est une bande dessinée caustique teintée d’un humour noir décapant, indispensable pour tous les amateurs du genre. Un must à lire d’urgence.

Par melville, le 4 octobre 2010

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