SLAVA
Après la chute

A la suite de la chute du régime communiste, les citoyens russes Slava Segalov et Dimitri Lavrine devenus maraudeurs ont jeté leur dévolu sur une vaste demeure délaissée afin de la dépouiller de tout ce qui peut être transporté. Répondant à une commande d’un haut fonctionnaire, les deux profiteurs amassent un butin conséquent et l’embarquent dans leur camionnette. Mais après avoir parcouru une certaine distance dans un paysage désolé et glacé, ils sont pris en chasse par un groupe de pillards. L’accident est inévitable et la chute vertigineuse. Durant la fusillade qui s’ensuit, les deux fuyards sont sauvés par une jeune femme, Nina,qui les entraîne à trois de marche dans une vaste bâtisse également abandonnée dans laquelle, elle et son père, ont élu domicile. Eu égard aux richesses dont elle regorge, le peu scrupuleux Dimitri ne tarde pas à faire de nouveaux projets en vue de monnayer tout ce qu’il découvre. Est-ce que pour se sortir de sa situation peu engageante dans cette Union soviétique déliquescente, Slava saura suivre son compagnon dans ses escroqueries ou sera-t-il apte à poursuivre une autre voie comme l’y invite la belle Nina qui a pour ambition de sauver la mine dans laquelle elle travaille ?

Par phibes, le 14 octobre 2022

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Notre avis sur SLAVA #1 – Après la chute

Quelques deux années après nous avoir régalé avec son one-shot La fuite du cerveau, Pierre-Henry Gomont revient en très grande forme pour nous offrir une nouvelle histoire historiquement et aventureusement bien campée qui a l’avantage de se décliner en trois volets.

Ce premier volet se veut très explicitement nous fait faire temporellement un petit bond en arrière et territorialement un pas de côté (est) en nous projetant dans les ambiances bien décrépies de la Mère Patrie qui a subi un sacré revers à la suite de sa dislocation dans les années 90. A la faveur de ce décor décadent, l’on suit les péripéties vécues par un tandem atypique constitué par un artiste peintre déchu vindicatif et d’un escroc ambitieux et peu efficace. Tous deux transformés en détrousseurs de vestiges de l’ancienne Union Soviétique, ils nous entraînent dans des périples ô combien détonnants dans un mix de fantaisie et de drame.

Une fois encore, l’auteur marque des points. Le récit qu’il nous offre dans cette première partie se veut être à la fois une radiographie de ce grand pays à la dérive à la suite de la chute du concept stalinien et une balade tragi-cocasse de deux roublards aux ambitions partagées. Entre narration copieuse portée par Slava et dialogues directs, Pierre-Henry Gomont manœuvre efficacement son équipée, en appuyant juste ce qu’il faut là où ça fait mal, délivrant un message suffisant pour mettre bien en avant les travers d’une société passée et le machiavélisme de la suivante.

Slava et Dimitri sont associés à deux autres personnages qui pèsent profitablement dans cette histoire. Il s’agit de Nina, une belle jeune femme aux idées bien arrêtées et son père dont la puissance physique et ses gesticulations seront à l’origine de séquences particulièrement drôles.

Graphiquement, l’on retrouve le coup de crayon libéré que l’artiste nous avait fait apprécier précédemment. A la faveur d’un trait direct et maîtrisé, le résultat se veut de grande qualité et porte remarquablement les péripéties de ces personnages de la profonde Russie dans une ambiance perceptiblement dégradée.

Une première partie fortement engageante qui a le privilège de faire écho avec l’actualité. Vivement la suite !

Par Phibes, le 14 octobre 2022

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