Sky Hawk

Hikosaburô et Mansô ont fui le Japon après la défaite de leur Daimyô, lors de la guerre de Boshin. En cette année 1871, ces deux samouraïs ont trouvé refuge en Amérique du Nord, troquant leurs costumes traditionnels pour celui des cowboys.

En ce mois de mars, Hikosaburô chasse dans les montagnes Bighorn, Wyoming.
Alors qu’il s’apprête à rentrer, il découvre, au cœur du bois, une indienne qui vient d’accoucher. Il décide de ramener la fille et son bébé à son baraquement, leur sauvant ainsi la vie.

Les deux guerriers asiatiques apprennent que la jeune femme a fuit la maison d’un commerçant qui la traitait en esclave. Mais des hommes sont sur ses traces. Ils ne tardent pas à trouver le chemin de la maison des Japonais, qui manquent de se faire tuer. Ils sont soudain aidés par des guerriers sioux qui ont été impressionnés par leur bravoure et leur talent pour le combat. Ces indiens sont emmenés par un chef valeureux qui n’est autre que Crazy Horse. Il leur propose de rejoindre sa tribu. Une période heureuse pour les Japonais qui se sentent – pour la première fois – intégrés depuis leur arrivée sur le sol américain.

Malheureusement, ces beaux jours risquent d’être de courte durée. Le gouvernement a donné son accord pour le passage du chemin de fer, foulant du pied les accords de paix qui existaient pourtant avec les indiens. Pour Crazy Horse, c’est une invasion intolérable de leurs terres sacrées. La guerre est déclarée.

Par legoffe, le 7 novembre 2009

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2 avis sur Sky Hawk

Après Seton, le grand mangaka Jirô Taniguchi nous entraine à nouveau sur les pistes de l’Amérique, mais quelques soixante années plus tôt. Nous sommes en pleine conquête de l’Ouest, à une période charnière qui va décider du sort des indiens.

Et c’est bien ce sujet qui intéresse ici l’auteur. Les indiens sont les vrais héros du livre malgré le fait que les personnages principaux, pour les besoins du manga, soient japonais. En imaginant ces migrants au cœur des terres sauvages de l’Amérique, Taniguchi fait un clin d’œil à tous ses compatriotes qui fuirent la guerre civile de Boshin pour venir se réfugier dans ce nouveau monde. Pour le reste, il nous parle d’humanité et de vies en harmonie avec la nature. Des thèmes qui lui sont précieux et que l’on retrouve dans la plupart de ses ouvrages.

Le mangaka s’attarde sur les rêves de paix d’un peuple en danger, mêlant réalité historique et fiction de manière si efficace que l’on se demande parfois si ce n’est pas une histoire vraie. Il nous parle du bonheur de vivre près d’une rivière, au rythme des déplacements des troupeaux de bisons. Il dénonce aussi l’injustice, celle qui consiste à détruire cet équilibre ancestral pour le prix de l’or et de la civilisation. Nous découvrons ainsi le désarrois de ces indiens, dépeints ici comme des êtres au bord du désespoir et non comme ces guerriers assoiffés de sang qui ont si souvent effrayé les spectateurs dans les vieux westerns.

Ce n’est d’ailleurs pas un western classique que nous offre Taniguchi. On pourra peut être lui reprocher parfois d’avoir choisi un récit linéaire sans trop chercher à ménager l’intrigue. Le suspense n’est pas le principal soucis de l’auteur qui s’attache avant tout à conter le destin de ces hommes rattrapés par une époque qui file trop vite pour eux. Les scènes sont poignantes et parfois impressionnantes car l’action est fréquente et les scènes de batailles (dont celle de Little Big Horn qui vit la mort du colonel Cluster) très réalistes.

Il faut dire que l’auteur emploie tout son talent à dessiner ses personnages, mais aussi les paysages qui sont tout simplement splendides. Décidément, je suis toujours un fervent admirateur de Taniguchi. Il signe des dessins de toute beauté, remarquables de finesse. Un style plus européen que japonais qui ne vous laissera pas indifférent. Rien que cela justifie l’achat de ce très beau livre qui sonne comme le chant du signe du peuple indien.

Par Legoffe, le 7 novembre 2009

Un ami m’a conseillé de lire ce très bel album en me promettant que j’allais passer un bon moment de lecture. Et, sincèrement, il ne s’est pas trompé une seconde.
En effet, dès les premières planches on se prend d’amitié pour ces deux expatriés qui, d’une, découvrent un pays loin de chez eux, et de deux, entrent en communion avec un peuple idéaliste qui croit fermement en ses valeurs, ses traditions et qui ira jusqu’au bout de son combat contre cet envahisseur blanc.

Car, on le sent bien, Tanigushi, en mettant en scène ces deux japonais, amène un regard extérieur à l’histoire indienne alors en pleine période de transition. Ils perdent leurs terres, voient leurs traités bafoués par les blancs, se font massacrer par surprise, mais sont surtout les témoins d’une culture fascinante qui se fait piétiner allègrement.
Très vite, Tanigushi parle surtout des indiens. Après tout, Hiko et Manzo ne sont d’ailleurs plus que des vecteurs qui servent à appuyer le discours humaniste et respectueux de l’auteur. On regarde ces indiens qui se font éradiquer, on vit auprès d’eux, on sent, avec eux, l’air de la plaine, l’odeur d’un bon feu ou le simple plaisir de se baigner dans la rivière.

Et c’est surtout ce qui m’a touché dans cet album, bien plus que les combats contre l’injustice meurtrière des blancs. Tanigushi arrive, comme personne d’autres, à nous faire vibrer sur des "riens", à nous faire ressentir, bien au delà des grands discours moralisateurs et pompeux, l’essence même de ces peuples de chasseurs. Malgré tout, on sent aussi qu’il s’attache rapidement à l’histoire avec un grand H. Il s’est documenté et, du coup, noie un peu le parcours humains de ces protagonistes derrière un amas de détails historiques qui, même s’ils sont importants et fondamentaux, n’en sont pas moins froids et finalement assez déshumanisant.
En fin de compte j’aurais aimé, progressivement, que l’auteur garde cette grande proximité avec les personnages, qu’il continue de développer les connections entre eux, alors que tout ça devient un peu trop basique.

Il n’empêche que cet album est un vrai bijou à lire, à admirer surtout, car, vraiment, c’est magnifique. Il y a un vrai travail sur les détails, des textures incroyables et des paysages magnifiques. Tanigushi n’a réellement pas à rougir devant les albums qu’il admire comme les Blueberry, les Cartland, les Comanche… Il nous livre ici un fantastique "western".

Par FredGri, le 3 juin 2010

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