Skins party

Se prénommant Eve, Alexandre, Antoine, Marion et Bastien, ces cinq jeunes lycéens ont, à la faveur de la nuit, décidé de participer à une skins party au Gibbon, une soirée basée sur le concept de totale liberté, sans aucun tabou. Alcool, lumières et sons psychédéliques, danse, sexe, tout est bon pour s’éclater. Malheureusement pour le quintet et bien d’autres, la fête qui les a fait se croiser, va dégénérer au point de prendre le chemin d’une véritable tragédie.

 

Par phibes, le 5 février 2011

Notre avis sur Skins party

Après sa participation aux deux collectifs Phantasmes et 13m28, le jeune auteur qu’est Timothé Le Boucher se lance dans la publication de son premier album, aidé en cela par les éditions Manolosanctis.

Le moins que l’on puisse dire est que cet auteur a décidé de frapper fort en nous livrant une équipée pour le moins puissante et provocante. Pour ce faire, son récit vient s’inspirer largement des soirées étudiantes surchauffées où les règles de bonne conduite ont été laissées sur le pas de la porte (les skins party) pour laisser place au délire le plus immature. Fort de cette atmosphère de liesse nocturne, un tant soit peu surréaliste, il introduit progressivement la notion de drame lié aux tergiversations de cinq de ses protagonistes.

Timothé Le Boucher ne pratique pas la langue de bois et taille allégrement dans le vif du sujet. Alors qu’il aborde sans retenue les pratiques libérées et libertines inhérentes à ces skins party au travers des orgies alcoolisées ou sexuelles portées à l’extrême, il organise son histoire sous cinq chapitres distincts, un pour chaque personnage. Par ce biais, il vient donner pour la même histoire un angle différent à celle-ci en croisant plusieurs destinées. Cet exercice dénote une volonté de maîtriser la structure de l’intrigue par laquelle on découvre des cheminements douloureux convergents.

Bien sûr, le drame est omniprésent dans chaque partie et vient prendre des proportions imparables à l’approche du final que l’on finit par redouter. L’amertume coule à flot, de part la radicalité des actes et leur absurdité, démontrant que l’auteur est arrivé à ses fins, à savoir troubler le lecteur.

Au niveau du graphisme, Timothé Le Boucher réalise un travail très coloré, en rapport aux ambiances de boite de nuit. Malgré une petite erreur graphique au niveau du cadavre qui flotte dans l’étang, son trait reste assuré, délicat, esthétiquement sympathique et plein de jeunesse. Ses ambiances sont diaboliques, osées quand il s’agit d’évoquer des rapports homosexuels et sont de nature à bien camper la dérive de ses péripéties.

Assurément, une descente aux enfers sur fond de musique trash surprenante qui, de par sa dureté, vous fera voir les skins party autrement. A réserver à un public averti !

 

Par Phibes, le 27 février 2011

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