Skandalon

Tazane, 27 ans, est une véritable star du Rock adulé par ses fans malgré son caractère très fluctuant, passionné, arrogant, égoïste, et souvent méprisant et violent. Il accumule les scandales, les bons mots assassins et provocateurs, mais le public et les médias restent fascinés, accroché au moindre coup d’éclat, telles des sangsues avide de ce modèle d’anticonformisme exacerbé… Mais tout ça, Tazane l’entretient, allant de plus en plus loin, jusqu’au point de non retour, au prix de sa propre déchéance autodestructrice… Pourra-t il vraiment y échapper ?

Par fredgri, le 12 septembre 2013

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Notre avis sur Skandalon

Ce qui est assez surprenant avec cet album c’est le sentiment qu’il nous est proposé deux lectures.
La première qui raconte les excès nombrilistes de ce jeune prodige qui tire la corde jusqu’à la rupture, qui abuse de tout et de tous, qui ne respecte personne et qui bafoue tout ce qui l’entoure, comme une longue dégringolade autodestructrice à grand renfort de coup de gueule, d’image de marque qui s’écorne et d’automutilation. D’autre part, grâce au long texte explicatif concluant l’album on entre dans un deuxième niveau de lecture plus profond, mais avec une signification sociologique quelque peu nébuleuse et hermétique. On a d’ailleurs l’impression que l’album a du mal à aller jusqu’au bout de ces ambitieuses théories…

Quand j’ai lu, dans un jet, cette histoire j’ai naturellement trouvé détestable ce jeune gars qui ne se donne aucune limite, ne parvenant pas, même dans ses moments de solitudes introspectives, à émaner le moindre charisme. Toutefois, justement, dans cet aspect négatif j’ai fini par le trouver assez "touchant", de par ce refus de la moindre concession, du moindre compromis, complètement mené par le bout du nez par ses pulsions qui l’entraînent toujours plus loin dans les excès, ne lui réservant aucun débouché. Il commence progressivement à émaner de lui une sorte de douleur torturée, véritable reflet de cette pression qui lui pèse, dans laquelle il ne se reconnait plus, le poussant à représenter cette image faussée, ce papillon de nuit qui ne peut s’empêcher d’aller invariablement se bruler les ailes. D’ailleurs l’adulation aveugle qu’il alimente de ses excès lui montre un monde complètement irraisonné, futile, sans consistance, qu’il ne parvient pas à changer malgré ses textes.

Le récit est avant tout vu sous l’angle de Tazane, assez peu de confrontation au monde extérieur, à ses fans, nous restons dans un récit rythmé par des monologues, des angoisses, des regards sur les autres, et c’est là que l’écriture de Julie Maroh prend aussi toute sa profondeur, dans ce portrait presque transparent d’un être qui se transforme en icône, en cette image qui le dépasse, qu’il n’arrive plus à contrôler. C’est extrêmement subtil, même si je trouve que le propos est un peu trop centré sur Tazane et rien que lui, que cette "relation mimétique" de l’autre avec lui a tendance à être occultée par cette étude de caractère exclusive !

Il en résulte un album assez déstabilisant, d’une part par son cachet ouvertement anti-consensuel, assez difficile d’accès, mais en parallèle le regard de l’artiste, ces planches souvent magnifiques m’ont interpelé.
Alors loin de laisser indifférent ce Skandalon va faire parler. Le débat est ouvert !

Par FredGri, le 12 septembre 2013

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