La Sirène des Pompiers - Edition Luxe

L’influent critique d’art Fulmel est furieux. Un des peintres qu’il moque depuis des années, Gélinet, est, cette année, annoncé comme une des vedettes du Salon.

Pour lui, c’est incompréhensible car il a toujours jugé que Gélinet n’avait aucune imagination et ne savait peindre que ce qu’il voyait. Dès lors, comment a-t-il pu réaliser le « portrait » si inspiré d’une sirène, qui fait l’admiration du public ? Fulmel crie à la supercherie et décide de mener son enquête.

Par legoffe, le 21 mars 2021

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Notre avis sur La Sirène des Pompiers – Edition Luxe

Dargaud a la très bonne idée de rééditer en version « luxe » La Sirène des Pompiers, parue en 2006 dans la collection « Poisson Pilote ». Pour les admirateurs de Zanzim et du regretté Hubert, c’est l’occasion rêver de (re)découvrir cette bande dessinée très réussie, qui nous plonge dans le monde de l’Art de la fin du XIXe siècle.

Hubert nous raconte, non sans malice, les certitudes des artistes du courant académique (appelé aussi péjorativement « art pompier ») qui dominait à l’époque. Et leur mépris pour tout ce qui sortait des codes en vigueur, à commencer par l’Impressionnisme , style pour lequel ils ont des mots durs, voire insultants. Il est cocasse de constater qu’aujourd’hui, les « barbouilleurs » sont devenus les références de cette époque tandis que les Académistes n’ont guère laissé leur trace dans l’Histoire.

Nous suivons donc les mésaventures de Gélinet, dont la carrière d’artiste va être sauvée par sa rencontre et son idylle avec une véritable sirène.

Cette BD permet la découverte de l’impitoyable milieu de l’art de l’époque. Il aborde la manière dont le succès peut transformer un être. L’aventure nous permet également de mesurer la sévérité des conservateurs face au changement et la manière très tranchée que les artistes peuvent avoir à l’encontre des autres courants que les leurs.

L’auteur nous offre aussi une histoire d’amour avec ses joies et ses peines. Le scénario balance entre humour et dramaturgie. Ce mélange n’est jamais évident, mais il est la marque de fabrique de l’auteur dont mon récit préféré reste Ma vie posthume, déjà signé avec son compère Zanzim.

Ce dernier réalise de très belles planches avec son style qui était, lui aussi, typique de la nouvelle vague de la BD à l’époque. On y retrouve ces traits si caractéristiques, qui laissent croire à une victoire du mouvement sur la précision. Et pourtant, quel travail impeccable, parfaitement mis en valeur avec ce beau papier mat choisi ici par l’éditeur.

La nouvelle édition de cette bande dessinée est livrée dans un format plus grand qu’à l’origine, doté d’une superbe couverture mate attirante, avec ses belles couleurs et son léger relief.
Vous trouverez aussi, en bonus, une dizaine de pages singeant un fac-similé de catalogue de l’artiste Gélinet. Il est si réaliste, grâce à ses textes de présentation des oeuvres, qu’on parvient à avoir des doutes quant à l’existence réelle du personnage central de l’album !

Si vous n’avez pas encore ce livre, c’est une excellente occasion d’enrichir votre bédéthèque, vous ne le regretterez pas !

Par Legoffe, le 21 mars 2021

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