Signal to noise

Il aura bientôt cinquante ans, il sent que c’est une étape importante, il travaille sur un nouveau scénario pour son prochain film qui devrait traiter de la fin du monde, en 999 après JC… Mais il apprend qu’il a un cancer et quelques mois devant lui… Quelle importance de se consacrer à ce scénario, ce film qu’il imagine encore et encore, scène après scène ! Progressivement, peut-être juste pour lui il reprend néanmoins la plume…

Par fredgri, le 26 mai 2014

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Notre avis sur Signal to noise

Paru initialement en épisodes dans le magazine anglais The Face à partir de 89, cet album, paru en 92 chez VG Graphics, complète malgré tout l’histoire initiale, glissant des fragments de textes, construisant un tout bouleversant qui revient sur les derniers mois d’un scénariste réalisateur qui se concentre sur son tout dernier script.

Neil Gaiman retrouvait alors son artiste fétiche, Dave McKean, avec qui il fit quelques années auparavant ses débuts sur Violent Cases ou Black Orchid. Les deux auteurs sont en parfaite harmonie, les mots rebondissant sur les sublimes compositions graphiques, tissant ainsi un canevas fascinant, mélancolique, tout en laissant progressivement passer une réflexion sur le constat d’une vie, sur les rêves inaboutis.
Beaucoup de subtilités donc, même si, au fur et à mesure le personnage a tendance à s’enfermer dans un monologue qui tourne en rond, qui devient obsessionnel et redondant ! Ce qui correspond malgré tout très bien aussi avec le thème et la plongée intérieure de cet homme qui se meurt lentement ! Mais Gaiman construit avant tout un voyage cérébral ou le propos est principalement intellectuel plutôt que réellement narratif.
Il faut dire que McKean, qui livre ici l’un de ses albums les plus riches graphiquement, nous propose une série de planches surtout illustratives, ou les textes de Gaiman viennent se superposer, soit pour commenter directement ce que l’on voit, soit pour animer un scénario de film qui se répète en fond, lente litanie d’un écrivain qui pense et repense la matière première de sa propre histoire !

Et c’est en cela qu’on retrouve les deux auteurs de Violent Cases qui utilisaient plus ou moins la même approche structurelle, donnant ainsi un album bien plus tourné vers du texte mis en scène que véritablement au service d’une histoire qui se déroule. Il y a bien quelques planches plus directement enclines à développer un récit en séquences, mais la grosse majorité semble accoler deux visions d’artistes, texte et image ! D’autant que Gaiman et McKean rajoutent des pages plus obscures avec des textes énigmatiques, des rajouts de citations, des exercices de collages, fragments d’une substance qui tend à signifier qu’il y aurait une lecture plus profonde en parallèle, à décrypter…

Il en résulte donc un album passionnant et émouvant, qui ne laisse pas indifférent. Une œuvre à part, essentielle dans le parcourt de ces deux artistes hors norme.
N’hésitez pas à découvrir alors cette traduction au Diable Vauvert !

Par FredGri, le 26 mai 2014

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