Sherlock Time

Publié entre 1958 et 1959 dans le magazine argentin Hora Cero, Sherlock Time signe les débuts d’une fructueuse collaboration entre Hector Oesterheld et le grand Alberto Breccia. Nous y rencontrons le détective de l’étrange Sherlock Time, assisté par Julio Luna, un jeune retraité. Ensemble, ils se retrouvent confrontés à plusieurs cas assez étranges ou se mêlent des extra-terrestres, des créatures souterraines ou même des anciennes statues hypnotiques…

Par fredgri, le 25 janvier 2021

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Notre avis sur Sherlock Time

Aujourd’hui, c’est un peu compliqué d’échapper à Alberto Breccia qui est particulièrement bien réhabilité, doucement, mais surement ! Qu’il s’agisse de la récente réédition de Perramus, de ce volume chez Revival ou encore du prochain album à paraître chez iLatina, le maître est absolument partout ! Tout en sachant qu’il reste encore beaucoup de choses à traduire de lui, ou simplement à rééditer !

Pour revenir sur cet excellent Sherlock Time, c’est une série de transition entre la première période plus classique de Breccia, ou il œuvrait sur Vito Nervio, par exemple et ses travaux plus audacieux comme Mort Cinder et ce qui suivra. Conscient qu’il s’enlisait dans un style qui s’inscrivait beaucoup trop dans une tradition héritée des strips américains, entre autres, il va rapidement profiter de ce nouveau projet, aux côtés d’Hector Oesterheld, pour pousser son dessin davantage, accentuant les contrastes, les matières. Et même si l’on reste toujours dans une approche réaliste, on voit déjà poindre le style de Mort Cinder, avec ses ambiances étranges, ses décors plus stylisés et quelques expérimentations sur son encrage !

Toutefois, Sherlock Time c’est quand même, malgré tout, du feuilleton, avec un découpage en petits récits assez courts. Le but n’étant pas d’approfondir les personnages, mais d’installer des atmosphères qui renvoient vers les récits SF que l’on pouvait voir dans Twilight Zone ou ce genre de petites intrigues bizarres, avec deux "héros" récurrents, à l’image d’un Sherlock Holmes et son ami Watson.
Bien sur, les auteurs rayent un peu les références, Sherlock ayant plutôt la carrure d’un joueur de foot américain et Julio celle d’un retraité fatigué et sceptique !
De plus, nous sommes tout de suite basculés dans une histoire de maison prétendument hantée, à laquelle est accolée une mystérieuse tour qui sert de vaisseau spatial pour le détective… Il ne faut bien sur pas chercher à rationaliser, à tout expliquer, ou alors se contenter des théories de Sherlock qui a l’art de tout connaître, même le nom de la moindre race extra-terrestre qui habite à des années lumière de la Terre !

Très vite, on comprend que ce côté farfelu est bien plus là pour installer un cadre et lancer des histoires en roue libre absolument savoureuses que l’on dévore d’une traite !

Parce que c’est surtout ça Sherlock Time, un vrai plaisir de lecture, on lit ces récits sans se poser de question, séduit par les planches de Breccia et captivé par ces scénario qui mériteraient parfois d’être davantage développés, mais qui gardent ce charme des récits courts auto-contenus !

Même si ce volume gagne à être apprécié dans la perspective de l’œuvre d’Alberto Breccia, de son évolution, il a du caractère et mérite amplement d’être lu pour ce qu’il est, un bon polar fantastique et mystérieux (je vous conseille l’avant dernière histoire, en Antarctique, plus longue et passionnante !)

Très conseillé !

Par FredGri, le 25 janvier 2021

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