SHELTON & FELTER
Le spectre de l’Adriatic

A Boston, en se rendant chez son ami Thomas Felter le libraire, Isaac Shelton apprend de ce dernier qu’il doit s’absenter quelques temps pour se rendre en Angleterre afin d’assister aux obsèques de sa sœur. Peu emballé par ce voyage qui va devoir le faire lutter contre le mal de mer, il s’en inquiète ouvertement au journaliste qui lui propose de l’accompagner dans son périple. Un tantinet rassuré, Felter retrouve le lendemain Shelton sur les quais et montent à bord du transatlantique Adriatic. Après avoir pris place dans leur cabine, les deux hommes commencent à prendre leurs marques. A l’étape prévue à New York, ils assistent à l’arrivée d’autres passagers dont le célèbre comédien Chandley. Ils le retrouvent le soir au diner, en présence d’une aristocrate et de sa camériste. Durant leur échange, le comédien est apostrophé par un sinistre personnage, Schultz, qui le met hors de lui. Après explications, la fête continue. Shelton fait la connaissance d’une sémillante demoiselle, Claudette, avec laquelle il partage une danse. C’est alors que l’aristocrate s’aperçoit qu’on lui a dérobé son collier. Ces évènements conjugués à une dispute mystérieuse en face de la cabine des deux amis augurent quelque malheur. Ce dernier va bientôt se déclarer par l’assassinat de leur voisin. Shelton et Felter vont tenter de percer le mystère.

Par phibes, le 13 juin 2018

Notre avis sur SHELTON & FELTER #2 – Le spectre de l’Adriatic

Après un premier volet particulièrement réussi qui permettait de faire la connaissance de Thomas Felter, petit libraire hypocondriaque et Isaac Shelton, journaliste athlétique du Boston Globe, Jacques Lamontagne revient dans les bacs pour donner un deuxième volume aux aventures de son duo bigarré féru d’enquêtes policières.

Cette équipée, complète au demeurant, est l’occasion de faire évoluer les deux héros en dehors de leur territoire de prédilection qui est la ville de Boston, qui plus est, en pleine mer à bord d’un paquebot historique, l’Adriatic. Tout en motivant ce changement de lieu et en campant avec justesse ce nouveau cadre, Jacques Lamontagne parvient à présenter subtilement la galerie de personnages qui vont être associés à l’affaire qui va monopoliser nos détectives en herbe.

Certes de conception volontairement classique qui ravirait Agatha Christie, cette aventure policière démontre qu’elle a été peaufinée dans les moindres détails. L’auteur n’hésite pas avec méthode à parsemer son récit de faits qui serviront d’indices à l’enquête menée par un Felter certes chancelant à cause de son mal de mer mais assurément efficace dans son analyse (façon Sherlock Holmes). Aussi, rigoureuses dans leur développement et attachées à un humour des plus rafraîchissants (les facéties de Felter sont réellement risibles), les pérégrinations de notre duo animent richement la lecture et nous amènent inéluctablement à la résolution plausible de l’énigme, dans des accents qui se veulent éluder toute facilité.

Le dessin de Jacques Lamontagne se veut à la hauteur de ce que l’on pouvait espérer de cet artiste. Une fois encore, la qualité est au rendez-vous tant ses illustrations, d’une netteté absolue et colorisées avec goût, révèlent comme pour le scénario une réelle recherche, une volonté de parfaire. Ses décors sont superbes, d’une constance impressionnante (les intérieurs de l’Adriatic sont d’une grande beauté). Pareillement, la galerie de portraits qu’il nous livre est exceptionnelle. De Felter à Chandley en passant par Shelton et Claudette, tous les personnages bénéficient d’une expressivité pleinement maîtrisée. Et comme l’on sent le plaisir de l’artiste, ce dernier nous le restitue en disséminant quelque insertion subliminale sympathique (par exemple, tentez de trouver Tintin !)

Une deuxième aventure policière rondement menée, rafraîchissante et excellemment tournée, qui sans contestation, devrait installer les deux héros sur du long terme. On en redemande donc !

Par Phibes, le 13 juin 2018

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