SHANGHAI
Ennemis intimes

Yu Xin, devenue l’une des femmes les plus influentes de la cité de Shanghai à la suite de l’assassinat de son maître Kien Tang, est toujours à la recherche de Jade, la saltimbanque. Obsédée par cette vengeance qui ne cesse de la tirailler, elle fait preuve vis-à-vis de ses partenaires d’une intransigeance détestable. C’est lors d’un énième altercation avec son bras droit Joan, que le dirigeable où elle a pris ses quartiers, est abattu. En effet, l’empereur Guangxu qui a pour dessein d’imposer de nouvelles réformes à la Chine, a décidé d’envahir la ville phare de Shanghai et de la réduire en un tas de cendre. Alors que les assiégés sont prêts à résister à l’envahisseur, leur motivation se voit vite réduite à néant. Effectivement, une horde de soldats de terre issus de la tombe du premier empereur Qin Shi Huangdi fond sur la ville et dévaste tout sur son passage. Face à ce combat déséquilibré et ne pouvant bénéficier d’aide étrangère, Yu Xin se doit de prendre part à la lutte. Et pour ce faire, Jade va avoir un rôle à tenir.

Par phibes, le 23 mai 2013

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Notre avis sur SHANGHAI #3 – Ennemis intimes

On retrouve la tueuse Yu Xin et la saltimbanque Jade, les deux femmes qui ont animé les deux premiers épisodes, toutes les deux dans des rôles antagonistes et qui se doivent de se heurter à un adversaire commun, le sinistre empereur Guangxu. Face à cette adversité qui met sur le gril la pérennité de la cité de Shanghai et par là même, celle de l’empire chinois, ce tome nous entraîne irrémédiablement vers un affrontement final obligatoire aux dimensions surprenantes.

A cet égard, via ce dernier opus, Mathieu Mariolle continue à tanguer entre récit fantastique et évocation historique. Dans ce balancement scénaristique exotique digne d’un certain intérêt, l’artiste vient à réunir, en une ultime représentation dévastatrice, ses deux héroïnes qui, malgré leur différents, vont devoir s’associer après fait une découverte majeure sur leurs personnalités. Si les péripéties qui en découlent, reposent sur des effets notoires qui mettent en exergue certains symboles chinois comme les fameux soldats de terre de l’empereur de Qin Shi Huang ou le Phénix, emblème de l’impératrice Cixi, elles ne manquent pas de nous entraîner dans un registre plutôt dramatique, assurément sombre. A ce titre, le scénariste ne manque pas de jouer avec les différents tableaux que compose sa fresque, faisant des allers-retours temporel (l’enfance de Jade et Yu Xin), ou alternant assez rapidement les tranches de vie de ses personnages.

Aussi, sans pour autant être emporté par une intrigue haletante, le lecteur qui partage cette sensibilité particulière vis-à-vis de cet univers chinois, se repaîtra de l’étude caractérielle des protagonistes mise en avant. Par ce biais, il accompagnera passivement les pérégrinations tragiques de Yu Xin vers une finalité amère, non dénuée de violence et conforme au climat douloureux que traversait la Chine au début du 20ème.

Côté dessins, Yann Tisseron parvient à nous intéresser à son univers qu’il dépeint d’une manière assez stylisée. Son trait est pour le moins honorable, reflète une recherche évidente dans la représentation de ses personnages et de ses décors de la cité de Shanghai. Les combats sont plutôt bien gérés, exhibent une certaine idée de puissance grâce à des choix de plans larges, chargés en mouvement. Le tout est relevé par une colorisation préférablement chaude et bien appréciables.

Un dernier tome assurément détonant qui allie agréablement l’Histoire, le fantastique et la tragédie, à lire chez Drugstore.

Par Phibes, le 23 mai 2013

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