Sex Tape

Une journaliste enquête sur Anja, star mondiale de la musique. Elle rencontre son ancien garde du corps, Gordon, mais aussi sa gouvernante et d’autres personnes mêlées à “l’affaire”.

Gordon se souvient. C’était au cours du mois de septembre que tout commença. Anja avait perdu son statut de vedette. Elle n’avait pourtant que 30 ans. Elle avait alors décidé de venir se réfugier dans les montagnes et avait acheté, pour cela, une superbe villa isolée.
Gordon repéra tout de suite le curieux qui les observait aux jumelles depuis le flanc opposé. Parti pour le faire déguerpir, le garde du corps constata qu’il ne s’agissait ni d’un maniaque, ni d’un paparazzi, mais d’une personne qui pensait qu’une de ses amies d’enfance était revenue vivre dans son ancienne maison. Il s’appelait Will. Gordon le laissa repartir.

Mais Anja, bizarrement, lui demanda de reprendre contact avec le jeune homme. Elle s’était mise en tête une drôle d’idée : proposer à Will de l’observer et la photographier autant qu’il le voudrait. En échange, Will devrait accepter une télévision équipée de caméra dans son salon. Ainsi, Anja pourrait, elle aussi, l’observer quand bon lui semblerait.

Will rejeta tout d’abord cette proposition, aussi absurde que farfelue. Mais il finit par accepter. Cette femme superbe le troublait. Jusqu’à quel point ?

Par legoffe, le 16 mai 2010

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Notre avis sur Sex Tape

Voilà une histoire pour le moins intrigante. Une ex-star de la pop qui décide sciemment de se faire espionner par un homme qu’elle ne connaît pas et à qui elle n’a jamais adressé la parole. Un homme qui, lui même, n’est pas un voyeur dans l’âme mais une personne tout ce qu’il y a de plus banal. Ce pourrait-être vous et moi. Mais voilà que la chanteuse se met en scène plusieurs fois par semaine dans son grand salon. Elle réaménage même volontairement l’espace et se prépare parfois une journée complète, entre maquillage et tenues tantôt classes, tantôt provocantes. Son garde du corps, seule personne au courant de l’accord, ne cherche guère à comprendre sur le moment. Quant à sa gouvernante, son témoignage fait état d’un comportement étrange. Si elle savait…

Voilà donc deux personnages qui s’observent dans un jeu qui pourrait bien devenir malsain. Le ton employé par l’auteur le laisse deviner, cette histoire va mal finir. Sinon, pourquoi une journaliste s’intéresserait-elle à tout ça ? De même, pourquoi verrions nous certains témoins répondre non plus à la journaliste mais à un policier. Que s’est-il donc passé ? Où ce voyeurisme affirmé va-t-il mener nos deux protagonistes ? Entre un homme qui a toujours vécu une vie simple et une femme qui fut adulé par le monde entier, l’équilibre n’est-il pas trop précaire pour que l’un d’eux ne chute ? L’excentricité et la folie se tiennent peut être à distance trop réduite d’une frontière commune.

Cette plongée intime dans le quotidien de deux personnes qui ne se parlent ni ne communiquent jamais est envoûtante, surprenante. Le jeu va bouleverser leur vie, l’un se nourrissant de l’autre. Le lecteur, lui aussi, devient le voyeur d’une situation qui se dévoile au fur et à mesure de l’enquête. Impossible de lâcher le livre, pas plus que Will n’a réussi à abandonner ses jumelles alors que son instinct lui disait sans doute qu’il fallait arrêter. Lui aura peut être tort, nous non. Il serait dommage, en effet, de ne pas aller au bout de la lecture qui se termine sur une chute inattendue. Pourtant, je dois vous avouer que mon instinct ne m’avait pas donné envie d’ouvrir cet album. J’avais été, en premier lieu, rebuté par la couverture que je trouve très laide. Elle n’est vraiment pas à la hauteur de l’histoire ni du talent graphique de Thomas Cadène. Son style, qui mêle la simplicité au mouvement, est d’une grande élégance. Il sied parfaitement à la beauté dévastatrice d’Anja qui semble très vivante à travers les crayonnés de l’auteur.

Par ailleurs, n’allez pas croire que nous ayons affaire ici à une histoire teintée d’érotisme comme le laisserait entendre le titre du livre. Si l’on aperçoit parfois la nudité de la belle, cela reste très sobre. Nous n’obtenons d’ailleurs qu’à la fin l’explication sur le nom de cette bande dessinée. Entre temps, nous nous serons mêlés d’une histoire aux multiples ressorts, qui ne laissera pas indemne le lecteur. Je vous conseille vivement d’aller vous aussi observer les manigances de ces personnages ; vous ne le regretterez pas.

Par Legoffe, le 16 mai 2010

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