'266613336WINGS'

Au Japon s’est déclarée une étrange épidémie appelée "l’Angélisme", pour contre carrer les ravages causés par le phénomène l’OMS instaure un blocus qui enferme le pays et l’oblige à gérer lui même le flux des populations qui fuient les zones "à risque". L’histoire commence au moment ou sont nommés trois inspecteurs dont la mission va être d’accompagner une jeune fille, Sera, au cœur de cette zones infectée…

Par fredgri, le 29 novembre 2013

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Notre avis sur ‘266613336WINGS’

Retrouver Mamoru Oshii et Satoshi Kon dans un même projet, ça a de quoi fasciner tout de suite le lecteur curieux !
En effet, ces deux maîtres de l’animation japonaise sont connus pour l’extrême personnalité de leur univers respectif. Oshii c’est "Ghost in the shell", "Patlabor", "Avalon", "The Sky Crawlers"… et Kon c’est "Millenium Actress", "Paprika", "Paranoia Agent"… Que des films visionnaires d’une grande finesse.

On a pu récemment découvrir un Satoshi Kon plus graphiste avec la traduction des deux Opus, une remarquable série inachevée qui jouait sur la notion de l’artiste immergé dans l’univers de son manga. En 1994, commence la parution mensuelle, dans le magazine Animage, de la série Seraphim. Le but est de produire une œuvre ambitieuse, de longue haleine, qui puisse succéder à Nausicaa de Myiazaki. Kon avait auparavant réalisé les storyboard de Patlabor et donc Oshii suggère son nom pour dessiner la nouvelle série.

On sent bien qu’ici s’opposent deux personnalités très marquées et même si celle d’Oshii rythme tout le récit, ainsi que ses propres thématiques, le dessin de Kon impressionne par sa finesse et son incroyable précision réaliste.
Bon, le récit met un temps fou à juste se lancer, il faut bien attendre la moitié du volume avant que l’intrigue ne décolle réellement et sorte doucement de ce côté "positionnement" qui plombe quelque peu l’immersion du lecteur ! Ce qui est d’ailleurs dommage car le projet en pâtit vraiment et on a du mal à avancer dans le propos d’Oshii, pourtant riche en idée ! Par contre, on est réellement éblouit par la performance de Kon qui décrit un monde post-apocalyptique bouleversant, foisonnant de détails d’une très grande finesse ! L’ensemble est néanmoins assez froid, effet renforcé par une inexpressivité générale qui, même si elle n’est en rien problématique, a tout de même tendance à vider le récit de toute réelle émotion !
De plus je trouve que Oshii peine à installer cet univers et sa terminologie. On n’entre pas facilement dans ce qui dessine devant nous et moi même j’ai eu du mal à bien attaquer cette lecture ! Il faut attendre le moment ou Kon se retrouve presque tout seul (vers le chapitre 12) pour voir en effet l’histoire démarrer sur des bases moins ankylosées dans le récitatif !

Évidemment, la fin "ouverte" nous laisse sur notre faim et on ne peut que tenter d’imaginer ce que Seraphim aurait donné si les auteurs avaient pu mieux s’entendre et mener ce projet jusqu’au bout ! En attendant, c’est une nouvelle occasion de se régaler en admirant les planches de Satoshi Kon, en espérant que Imho (qui fait ici un magnifique travail éditorial) traduise le reste des histoires dessinées par le maître (et pourquoi pas représenter une nouvelle traduction de Kaikisen !!!) !

En parallèle, achetez les deux Opus et redécouvrez ce virtuose qu’était le regretté Satoshi Kon (disparu en 2010)

Par FredGri, le 29 novembre 2013

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