Les seigneurs de Bagdad

Enfermée dans ce zoo, à Bagdad, Noor rêve de liberté, elle aimerait s’enfuir, retrouver la jungle qu’elle n’a connu que très jeune. Aujourd’hui, elle est devenue une belle lionne, mais elle se rend bien compte que la captivité l’englue progressivement, qu’autour d’elle tous s’y habituent lentement. Même Zill, son compagnon qui se languit au rythme des repas que leur lancent les "gardiens" !
Nous sommes alors en 2003, les troupes américaines attaquent la ville, balançant leur bombes et finissant par "éventrer" les murs de cette "prison" confortable qui entravait les animaux jusque là. Alors Zill s’avance, Noor n’est pas très loin, elle tient le petit Ali dans la gueule, un lionceaux curieux de découvrir ce qui se révèle à lui, soudain, et derrière eux, la vieille Safa ferme la marche. Elle est méfiante, et même si le confort du zoo lui plaisait bien, à la finale, elle sait que dorénavant rien ne les retient plus ici.
Ils s’avancent alors, maintenant il faut survivre…

Par fredgri, le 29 mars 2012

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Notre avis sur Les seigneurs de Bagdad

Cela fait un sacré bout de temps que j’entends parler de cet album, du remarquable scénario de Brian K. Vaughan, des magnifiques planches de Niko Henrichon. Et avec cette reprise d’Urban c’est l’occasion rêvée pour faire le pas et voir un peu de quoi il s’agit !

Bien évidemment, le récit est à la hauteur de tout les superlatifs entendus jusque là, une très belle histoire et un dessin remarquable. Mais ce qui m’a vraiment le plus touché c’est l’incroyable justesse du scénario quand il décrit les différentes caractérisations, quand il s’appuie sur le rapport des uns et des autres, en gros quand il s’éloigne de la guerre qui sert de cadre à l’intrigue.

Car ici, parle-t vraiment que de la guerre ?

Très vite le propos se concentre sur les animaux, sur cet état sauvage qui les habite, sur ce "retour aux sources" qui les met face à ces contradictions qui les ankylosent. A force d’être derrière ces barreaux, de vivre "confortablement" sans se rebeller, ils ont perdu leurs âmes, la faculté de retrouver le sang qui pulse dans leurs veines, ou même la simple envie d’exister par eux même.

Bien sur le parallèle avec Bagdad, avec le régime de Saddam Hussein, est flagrant… A force de plier l’échine, de vivre sur ce qu’on daigne nous laisser on perd peu à peu notre identité, notre intégrité propre, notre envie de réagir.
Et ces lions qui vont parcourir les rues de la ville en ruine vont se rendre compte de leur état de simple pion dans les mains de leur geôliers, de cette apathie qui les a endormis. Car même s’ils sont dorénavant libres il est peut-être déjà trop tard, que l’illusion de cette liberté ne pourra juste que ranimer faiblement les derniers brasiers qui vont se réveiller progressivement.

Et les étapes qu’ils parcourent une à une vont les mettre face à face avec l’horreur du monde qui les entoure, la réalité. Que ce soit ce lion enchaîné et fouetté qui meurt d’épuisement devant eux, ou encore cet ours qui les attaque en voulant les soumettre brutalement, ce sont des marches à gravir pour cette prise de conscience douloureuse qui va les mener vers une conclusion on ne peut plus sèche et sans merci !

Un récit, donc, d’une incroyable justesse, ne tombe pas non plus dans un pathos trop rébarbatif. C’est très simplement raconté, la métaphore est évidente et très parlante aussi.

Un album à lire absolument !

Par FredGri, le 29 mars 2012

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