SEIGNEUR DES COUTEAUX (LE)
Frères de sang

La forteresse Alamut est le siège de celui qui a tout pouvoir sur les hommes qu’il éduque dans le but d’en faire des tueurs aguerris. Aujourd’hui, alors que deux hommes sont morts, l’un dans la gloire de son geste meurtrier, l’autre pour sa trahison, un nouveau contingent de novices dont font partie Selim, Yacine et Hicham, a pénétré dans la cité. Soumis aux règles très strictes de ces lieux, ces jeunes enrôlés subissent un entraînement sélectif et acharné pour être digne de servir celui qui se fait appeler "le seigneur des couteaux". Cet exercice périlleux va être le prétexte de luttes intestines et sanglantes entre les nouvelles recrues.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur SEIGNEUR DES COUTEAUX (LE) #1 – Frères de sang

Les croisades ont largement inspiré bon nombre d’auteurs qui ont su réaliser des aventures historiques mettant en scène les croisés face à leur destinée dans le cadre de la libération de la cité de Jérusalem.

Nous retrouvons dans cet album le même contexte historique (nous sommes en 1177), au moment où Saladin, l’éternel adversaire des croisés, acquiert une certaine renommée au Moyen-Orient. Ce fonds authentique va permettre à Henscher d’asseoir son histoire portant sur le dur apprentissage de trois jeunes gens enrôlés de force dans une école très particulière, celle du crime. En marge du conflit chrétiens/musulmans, Selim, Yacine et Hicham vont donc apprendre les rudiments du terrorisme et la survie en milieu hostile.

Dès le premier de couverture, le ton est donné. Baignant dans une violence caractéristique confirmée dès les premières planches par l’assassinat d’un sultan perse et de la pendaison d’un traître à la cause des assassins, on se surprend à plaindre ces pauvres hères qui doivent supporter un conditionnement fanatique inhumain. Hicham pâtit de sa constitution chétive et de son caractère pleurnichard. Selim et Yacine, de par leur force de caractère, tirent profit de leur position dominante qui les conduira à s’affronter.

Servi par des dialogues emplis de sagesse et également de radicalité, et d’une voix-off doucereuse, cet épisode inquiétant s’appréhende agréablement et expose gravement les tensions que peuvent éveiller un tel parcours initiatique. Faire parti de la secte des assassins oblige à passer par des sacrifices souvent irrévocables.

Fabien Rondet réalise un travail étonnant. Renfermant une richesse graphique sympathique, ses vignettes reflètent une ambiance emplie d’une sévérité extrême dans une dominance de verts/marrons. La noirceur des desseins de la secte se traduit idéalement dans le choix des couleurs sombres qui appesantissent l’atmosphère des planches. La brutalité transparaît dans les gestes et les regards des personnages dont les visages sont relevés par des ombres portées avec soins et décisives.

Le pari pictural est réussi et engage sans ambigüité une lecture de la suite des aventures de ces apprentis assassins. Frissons garantis !

Par Phibes, le 11 avril 2008

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