Scum. - La tragédie Solanas

3 juin 1968 : Valerie Solanas tente d’assassiner Andy Wahrol, qui s’en tire avec de graves séquelles physiques. Mais la vie de cette jeune femme ne se résume pas à ce geste, elle va aussi incarner aussi une tendance extrémiste du mouvement féministe des années 1960, et a pour ambition de devenir célèbre ! 

Par v-degache, le 27 février 2021

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Notre avis sur Scum. – La tragédie Solanas

Le climax de l’histoire et de la vie de Valerie Solanas tient en trois coups de feu tirés sur l’artiste Andy Warhol en 1968 à New York.
La scénariste Thé Rojzman et le dessinateur Bernardo Muñoz résument cet instant en deux pages, mais la couverture de Scum. – La tragédie Solanas reprend cette image d’une V. Solanas criminelle, pistolet en main, comme si l’œuvre littéraire de celle-ci ne pourra jamais effacer ce geste terrible.

L’ouvrage restitue avec réalisme la souffrance que fut la vie de V. Solanas. Entre inceste, viols, prostitution, drogues, maladies psychiatriques, violences, rien ne lui fut épargné. Les auteurs parviennent à capter cette somme d’éléments explicatifs de la haine qu’a pu entretenir cette jeune femme pour tous les hommes, et qui aboutit à la rédaction de son manifeste SCUMSociety for Cutting Up Men », soit « société pour tailler en pièces / émasculer les hommes »), publié en 1968 par Maurice Girodias, éditeur du Lolita de V. Nabokov.
Sa misandrie affirmée l’éloigne même d’une partie des féministes de l’époque, qui la trouvent trop extrémiste dans ses revendications. Le superbe dessin de Muñoz arrive à capter cette irrémédiable descente aux enfers. L’Espagnol croque également avec talent ce creuset culturel qu’est le New York des années 1960, et notamment la Factory du génie du pop art.
L’idée de T. Rojzman de faire dialoguer Solanas avec sa conscience, incarnée par un rat, est une belle trouvaille, participant à dynamiser le récit, et ces échanges sont de plus joliment dessinés et mis en scène !

On ressort de Scum. partagé entre un sentiment de grande pitié et d’empathie envers l’héroïne, de par la souffrance et les horreurs qu’elle a connus tout au long de sa vie, et un certain rejet pour la violence de sa pensée et de ses écrits jusqu’au-boutistes.

Une BD dérangeante, qui a le mérite de ne pas cantonner Solanas à sa tentative d’assassinat, mais également relatant une pensée misandre qui connaît un timide succès aujourd’hui en France, au moment où Scum Manifesto est réédité en cette année 2021, et où une certaine Alice Coffin squatte les médias pour répandre sa parole violente et clivante. Saluons également le courage de l’éditeur Glénat d’oser se lancer sur un terrain pas vraiment mainstream…

Par V. DEGACHE, le 27 février 2021

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