SAY HELLO TO BLACK JACK
Chroniques du service de chirurgie

Eijirô Saitô est interne au sein du prestigieux hôpital universitaire d’Eiroku. Trois mois plus tôt, il a obtenu son diplôme de médecine. Cependant, être médecin au Japon ne signifie pas rouler sur l’or. Son salaire s’élève en effet a l’équivalent de 280 € par mois.
Pour vivre décemment, le jeune homme n’a donc pas d’autres alternatives que d’enchaîner les gardes de nuit (des baïto) à l’hôpital Seido. Il y découvre les coulisses peu reluisantes du monde médical, découvertes qui lui sont confirmées par son service de jour à Eiroku. Vient le moment ou son tuteur Takahisa Shiratori lui confie son 1er patient a surveiller, un vieil homme de 75 ans. A partir de cet instant le jeune interne va être obsédé par une question qui pour toute simple qu’elle soit, n’en est pas moins essentielle : être médecin, c’est quoi ?

Par Lucania, le 1 janvier 2001

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3 avis sur SAY HELLO TO BLACK JACK #1 – Chroniques du service de chirurgie

Quel que soit le lieu, il est bien évident que personne n’a vraiment envie de se faire hospitaliser. Après avoir lu « Say Hello to Black Jack », on se dit que non seulement on n’en a pas du tout envie mais encore moins au Japon.. et pour cause, le constat est alarmant. La très mauvaise gestion de l’implantation des structures médicales fait peur et les statistiques montrent les incohérences. En effet, bien qu’il y ait énormément de médecins dans ce pays, la concentration des hôpitaux au m2 est telle que chacun ne peut obtenir un personnel médical en quantité suffisante. Cette énormité n’est pas le seul disfonctionnement et quand on connaît un peu plus le problème de cloisonnement entre les services et le saucissonnage des actes selon leur valeur commerciale on obtient un répulsif concentré sur le système médical qui flirte outrageusement avec la corruption.
Donc, on ne le répètera jamais assez, quelle idée de tomber malade par les temps qui courent, surtout si en plus vous êtes pauvre, vieux etc, etc.. (Mode « ironie » ON, évidemment).
Triste conclusion sans alternative, il vaut mieux être en bonne santé ou mourir.. 😉
Si l’histoire est affligeante, montrant tour à tour les fléaux du pouvoir de l’argent et la déchéance de l’époque moderne, elle n’en reste pas moins intéressante et mérite largement la lecture. De plus cette œuvre peut faire partie de ce qui réveille l’opinion ainsi que les pouvoirs publics.
C’est mélodramatique et passionnel parfois, les plus émotifs seront touchés (surtout par l’histoire du grand-père qui donne la chair de poule). La narration est rythmée et prenante et on se sent assez vite pris dans l’ambiance.
Par contre le dessin est anguleux, déformé, donnant des allures patibulaires et mal aimables à presque tous les personnages. Je n’aime pas ce trait sans souplesse et frisant la caricature mais les décors sont jolis et le propos est suffisamment fort pour rendre acceptable un dessin peu agréable.
Numéro 1 à ne pas louper pour se faire une idée.

Par MARIE, le 24 juillet 2004

Ce qui m’est tout de suite apparu dans Black Jack c’est la tension de cette profession, bien au delà des leçons de morale du jeune interne qui en est le héros. En lisant cette BD on ne peut s’empêcher de trouver ce monde extrèmement stressant, qu’il soit Japonais ou autre…
Ensuite, j’avoue que d’avoir mélangé « Urgences » avec un propos social m’a assez plu, même si là aussi c’est assez commun finalement, mais qu’importe, ce qui est important c’est que cette histoire reflète le malaise d’un système hospitalier qui dérive vers des soucis financiers plutôt qu’humain… Ce qui est plus ou moins ce qui se passe a plus grande échéance avec la privatisation en masse qui traverse l’Europe actuellement. On ne peut donc pas s’empêcher de penser à notre service public…
Cette histoire ne m’apparait donc pas forcément très éloignée d’une certaine réalité ambiante, certes, on est dans un pays ou les ressources sont loin des 280 Euros par mois, malgré tout, les dernières grèves hospitalières montrent bien aussi qu’il y a un malaise lié aux services, à la pénurie de personnel…
Je ne sais pas si cette BD va changer grand chose dans ma vision des choses, je sais bien que dans n’importe quel hôpital il y a des priorités financières, c’est une réalité évidente, je trouve juste dommage qu’il ait fallu ce genre de projet pour que le Japon se remette en cause…
Sinon, pour ce qui est du mangas en lui même, l’histoire n’en est pas vraiment une, si ce n’est qu’elle est avant tout un réquisitoire assez intransigeant, ce qui n’est pas un mal en soi ! Quand aux dessins, personnellement j’accroche beaucoup, très réaliste et expressif, on se laisse bien entrainer à la suite de ces personnages tous très personnalisés.
Du mangas qui nous entraîne loin des sempiternelles histoires de basketeurs ou je ne sais quel prof de lycée, plein d’humanité, peut-être que les idéaux sont trop exhacerbés mais c’est aussi un manga, ne l’oublions pas…
A lire sans attendre

Par FredGri, le 1 août 2004

Bien loin du docteur Carter et des urgences d’un hôpital américain, ce manga confronte le lecteur à la dure réalité du monde médical et hospitalier japonais, statistiques à l’appui.

CHU : la machine infernale

Seuls 2% des CHU interdisent aux docteurs en formation d’exercer la nuit, 80% de ceux qui font des baïto sont livrés à eux même, 90% pratiquent la peur au ventre. Ces simples chiffres suffisent à donner le frisson. Ce manga se veut clairement une dénonciation des abus et des carences du système nippon. Le récit est extrêmement réaliste et bien documenté. Le dessin est net, et incise là où ça fait mal, avec la précision d’un scalpel. En lisant cet opus qui fait froid dans le dos, la dernière chose dont vous ayez envie est bien de vous retrouver dans un hôpital japonais.

On demande l’humanité aux urgences.

Ces chroniques du service de chirurgie ne sont pourtant pas exempte de sentiments. On peut parfois au détour d’une page s’étonner de l’expressivité des personnage. La rage du jeune interne, mais aussi, parfois la bienveillance un peu bourrue de son tuteur. Bref, un peu d’humain dans un monde aseptisé où la mort et la maladie semblent sans importance ou pire, ressemblent fort à un fond de commerce. Que ce manga soit devenu un phénomène de société au Japon n’a rien d’étonnant : à l’évidence, il répond à un besoin, à des questions pressantes et brûlantes d’actualité.
Qu’en est t’il du serment d’Hippocrate ? Quels sont les droits du malade, quels sont les devoirs que l’on a envers lui ?
Un très bon manga qui fait bien de rappeler qu’avant d’être un numéro, le patient est un être doté de dignité.

Par Lucania, le 16 juillet 2004

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