Can't Get No -Satisfaction-

Il s’appelle Chad Roe, il dirige une fructueuse entreprise qui vient de lancer sur le marché une gamme de feutres extrêmement indélébiles. C’est le succès, jusqu’au jour ou les plaintes commencent à pleuvoir, notamment de la ville qui attaque l’entreprise à cause des innombrables graffitis qui se multiplient un peu partout ! Tandis que ses actions chutent soudainement, Chad se retrouve ruiné. Il va traîner dans un bar, rencontre deux jeunes femmes qui l’entraînent chez elles et tandis qu’il cuvent, somnolant, son alcool, décident de recouvrir son corps de dessins, avec son propre feutre…
Désormais étendard vivant de sa propre ruine, Chad décide de s’en aller, errant à travers le pays, tandis qu’à New York, deux avions viennent s’écraser sur les deux tours du World Trade Center…
Nous sommes le 11 septembre 2001, les illusions d’une Amérique conquérante s’effondrent soudainement…

Par fredgri, le 3 septembre 2021

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Notre avis sur Can’t Get No -Satisfaction-

Le 11 septembre 2001, une date qui a marqué le monde entier, qui a définitivement signé le glissement d’un monde vers un autre, plus sécuritaire, plus incertain et désillusionné. Devant nos yeux, sur le petit écran, s’effondrait le symbole d’un empire ultra capitaliste extrêmement confiant en sa suprématie !

Si, grâce aux Éditions Delirium, nous connaissons davantage le travail de Rick Veitch, il faut bien admettre que l’auteur continue de nous surprendre avec ce réquisitoire sans concession, rythmé par des textes qui dressent le portrait d’un pays en pleine remise en question, qui s’interroge sur la vacuité de cette civilisation de faux semblants !
L’auteur adopte donc une double "narration", dirais-je. D’un côté, on a le parcours de Chad, muet, qui chute de son piédestal, mais qui apprend à progressivement passer outre sa vie passée pour se reconstruire, s’assumer. De l’autre côté, il y a les pavés de texte qui délayent un long monologue aux relents nihilistes, qui dissèquent la société, ses reflets, ses désenchantements !

C’est parfois ardu de lire en même temps ces deux pistes de lecture. Mais les textes accompagnent les images, comme une sorte de long slam qui sert de "bande son", une performance assez envoutante qui ne nous lâche plus une fois l’album commencé. Can’t Get No (satisfaction) créé ainsi son propre langage, entre métaphore et récit social, entre témoignage et fiction…
Nous sommes emportés dans ce récit édifiant, fascinés par ces deux immeubles qui fument, sur une silhouette qui tombe, silencieuse au milieu des cris des spectateurs, terrifiés devant cette rupture qui s’opère sous leurs yeux… Un monde se déchire en direct…

Can’t Get No (Satisfaction) fait partie des œuvres auto-publiées par Veitch sous son label Sun Comics, en total indépendance, loin des contraintes. Je vous encourage à fureter un peu, vous pourriez être surpris par ce que vous découvrirez !

Un volume vivement recommandé, à lire absolument !

Par FredGri, le 3 septembre 2021

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