SASMIRA
Rien

Suite à leur déconvenue temporelle inexplicable qui les a projetés au début du 20ème siècle dans le manoir de Rovanac, Stanislas et Bertille ont été pris en charge par Prudence, confidente et camériste de la troublante Sasmira, pour trouver une solution à leur situation. Poussée par le questionnement incessant de ses hôtes, Prudence s’épanche sur la personnalité très atypique de Sasmira. Cette dernière est d’origine égyptienne et est née il y a plus de 4300 ans. Fille illégitime du pharaon Pepi II, elle se voit lors de ses 24 ans condamnée par son père pour avoir proféré, à la suite d’une expérience mortelle, des propos contraires aux dogmes religieux. Mise en isolement, elle est contrainte de porter un masque bâillon pour l’empêcher de parler. Au fil du temps, Sasmira a été abandonné par les siens. Alors qu’elle entretient une soif inextinguible de vengeance, elle se voit frappée avec stupéfaction d’immortalité. A la mort de son père, la belle égyptienne parvient à s’enfuir sans avoir condamné ce dernier au pire des tourments post-mortem. S’ensuit une errance douloureuse à travers les siècles que la belle Sasmira traverse mystérieusement sans pouvoir trouver l’amour. C’est à la suite de la rencontre avec Prudence et d’un retour aux sources en Egypte que l’immortelle se métamorphose et aspire à aimer. C’est à ce moment-là que Stanislas et Bertille font leur apparition. Il ne fait aucun doute que les destinées des trois êtres sont liées.

Par phibes, le 19 décembre 2016

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Notre avis sur SASMIRA #3 – Rien

Cette superbe saga initiée par Laurent Vicomte en 1997 est à l’image de son héroïne. Elle traverse le temps tout en conservant une grosse part de mystère. En effet, après quelque quatorze ans de silence, la série a connu un sursaut grâce à la publication par la maison Glénat du deuxième tome dessiné en partie par Claude Pelet. 5 ans après, un nouvel opus fait enfin son apparition porté cette fois-ci par un nouveau dessinateur, en l’occurrence Anaïs Bernabé.

Cet épisode nous replonge dans les accents fantastiques mêlés d’ésotérisme et de romantisme qui font le charme de cette histoire. Nous retrouvons donc Stanislas et Bertille, ce sympathique couple qui a eu, suite à la rencontre d’une vieille femme, la désagréable surprise de se retrouver quelques 90 ans avant leur époque. Là, dans le manoir de Rovanac, le jeune couple tente de comprendre leurs déboires tout en découvrant la personnalité hors norme de leur hôte, Sasmira.

Les révélations vont bon train, dans ce tome, à la faveur du témoignage de Prudence, la gouvernante de Sasmira. Dans un alternat temporel adroit, l’on plonge dans son long parcours de 4 millénaires qui nous permet d’apprécier une destinée particulièrement marquée par des faits à la fois douloureux et miraculeux et dont l’aboutissement semble se rapprocher de plus en plus. Laurent Vicomte tire les ficelles de son récit dans cette poésie ambiante, cette sensibilité, cette sensualité qui font mouche à chaque page et nous amène indubitablement à entrevoir une ouverture dans le mystère partagé de Sasmira et du couple Stanislas/Bertille. A cet égard, l’artiste assure parfaitement le lien entre ces personnages via des divulgations très subtiles, des découvertes certes empreintes d’ésotérisme (que ne manquera pas de faire bientôt Stanislas) mais aussi de sentiments prégnants et de drames.

Anaïs Bernabé fait une entrée plutôt remarquée dans la saga. Cet ouvrage est l’occasion d’apprécier le talent inné de la dessinatrice qui, sous l’inspiration un tantinet manga, réalise une performance de grande qualité. A ce titre, sans réellement se démarquer de ses prédécesseurs, l’artiste use d’un trait d’un réalisme gracieux, d’une chaleur et d’une sensualité perceptibles. On se plait à admirer ses superbes décors exécutés dans des effets de couleurs chatoyantes. On se laissera emporter par ses personnages au romantisme exacerbé, aux expressions et aux atours finement travaillés, qui n’attendent qu’à nous faire découvrir leurs mystères, leurs espoirs, leurs douleurs les plus intimes.

Un épisode envoutant que l’on espérait depuis 5 ans et qui nous arrive enfin tel un cadeau de Noël. Une très belle performance qui en appelle une autre, très prochainement bien sûr !

Par Phibes, le 19 décembre 2016

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