Sangs d'encre

 

Sangs d’encre est un recueil de textes écrits par Tanguy Mandias, tous illustrés par des dessinateurs différents plus ou moins connus. Marqué du logo de la série BD Doggybags, ce recueil propose des histoires du même acabit, sauf qu’elles existent en textes et non pas en bandes dessinées. Il y en a 21. Leurs résumés surgissent les uns après les autres, au fil de l’article que vous lirez ci-dessous…
 

 

Par sylvestre, le 11 juillet 2019

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Toute la BD, que de la BD !

Notre avis sur Sangs d’encre

 
La maison du fond des bayous :

Un groupe de quelques enfants a bravé les interdictions parentales pour aller, de nuit, à l’aide d’une petite embarcation, jusqu’à une mystérieuse maison perdue au milieu des marécages du bayou. La progression sera stressante et, une fois la maison atteinte, des signes apeureront nos expéditionnaires en herbe qui rebrousseront tous chemin sauf une qui, au contraire, sera attirée à l’intérieur et prendra du plaisir dans sa découverte, au point de ne plus avoir envie d’en repartir.

Après une introduction ouvrant de manière plus ou moins convaincante la "malle à histoires" qu’est ce recueil Sangs d’encre, cette première nouvelle nous conduit de nuit dans une angoissante zone marécageuse aux côtés d’un petit groupe d’enfants avides de sensations fortes. Le contexte n’est pas sans rappeler quelques grands classiques de Stephen King (Simetière, Différentes saisons…) et le fait que les textes des bulles des illustrations sont à lire dans la continuité du texte principal donne une originalité bienvenue à cette histoire qui nous installe alors confortablement dans la curiosité de parcourir la suite.

La dame de neige et de sang :

La dame de neige et de sang est un court poème construit avec une alternance de typographies : les deux premières lignes sont imprimées en caractères normaux, les deux suivantes le sont en italiques. Les deux d’après en caractères normaux, les deux suivantes en italiques. Et ainsi de suite. Chaque "format" semble vouloir nous emmener dans un récit différent mais très vite les deux propos se rapprochent puis s’entrecroisent dans un effet de bascule narrative puis de boucle. Ce texte propose donc un exercice de style littéraire en même temps qu’un exercice de style… géométrique ! Et il vaut au moins pour ça d’être lu et apprécié.

Ozymandias :

Après avoir provoqué la mort d’une prostituée sans intention de la donner, un homme s’est caché dans le bateau d’une espèce de marabout voyant extralucide : Ozymandias. Ce dernier montrera connaître sur le bout des doigts la vie de notre "assassin malgré lui" et lui proposera de faire revenir à lui l’être aimé : Elisabeth, dont il était resté éperdument amoureux. A la grande surprise et à la grande joie de notre homme, Elisabeth surgira en effet d’un bar, peu de temps après, sous ses yeux. Mais à sa grande déception, elle était accompagnée et n’a pas semblé vouloir le reconnaître lorsque leurs regards se sont croisés… Pour le prix qu’il en avait demandé, Ozymandias n’avait-il tenu parole qu’à moitié ?

Les changements de décor et de style de personnages nous confirment que ce recueil ira "tout azimut" même si les maîtres mots restent épouvante, horreur ou thriller. Si on était dans le fantômatique lorsqu’on évoluait dans le bayou, on est là plutôt dans le polar, mais avec un zeste de magie et pourquoi pas de zombie… On notera que le nom Ozymandias n’a sûrement pas été choisi par hasard par l’auteur Tanguy… Mandias !

Repas de famille :

Mélanie a préparé un "tuto cuisine" et c’est en vidéo, depuis les fourneaux de sa grand-mère, qu’elle nous explique "par le menu" une recette simplissime qui convaincra à coup sûr même les plus exigeants des amateurs de cuisine expérimentale !

En mode moderne et avec cet enthousiasme propre au vlogueur sûr de récolter d’innombrables "likes", la narration de cette nouvelle se fait à la première personne. On fait donc partie – mais certes, en qualité de lecteur – des internautes spectateurs de la vidéo dans laquelle Mélanie se met en scène et s’adresse à nous. La séquence se veut bonenfant et le ton reste jovial malgré quelques interactions qui laisseront parfois un peu d’espace au registre du grossier. Au fil des mots, la conclusion se dessine, et elle n’est pas si originale que ça mais le récit est très court et cette absence de véritable surprise est compensée par la satisfaction d’être conduit très rapidement jusqu’à cette soupçonnable chute de l’histoire.

L’étrange passion de Marco D. :

C’est lors d’une bataille en Perse, du côté de Samarcande, que Marco D. fut traversé de part en part par une lance ennemie. Ces secondes qui auraient dû être ses dernières se tranformèrent en une espèce de moment de grâce pendant lequel il fut submergé par une jouissance inattendue ; au point qu’il fut déçu de survivre à cet instant qui, s’il avait été son ultime instant, aurait à ses yeux été la mort idéale. Le fait est que quelques temps après, une autre situation fit frôler la mort à Marco D., le laissant une nouvelle fois dans une frustration que lui seul pouvait concevoir. Pour la deuxième fois, c’est comme si la mort n’avait pas voulu de lui ! Marco D. décida alors de consacrer sa vie à courir après la mort ; insaisissable amante qui jouait à le repousser…

Le thème du rendez-vous avec la mort a de tout temps inspiré de nombreux auteurs et cette histoire nous en apporte un nouvel exemple. Si la fin du récit est relativement convenue, on déplorera surtout que le coeur de la nouvelle soit un peu bâclé (dans la mesure où il s’apparente plus à une liste qu’à un texte savamment rédigé) et qu’il sorte ainsi le lecteur de la poésie qui se dégageait des tout premiers paragraphes et des savoureux "ralentis" qu’on y trouvait sur ces sensations de plénitude qu’a connues Marco D. lorsqu’il aurait logiquement dû passer de vie à trépas…

Ascenseur social :

Certains entretiens devant jury ne se passent pas exactement comme on aurait tendance à l’imaginer…

Nouvelle courte autant qu’elle est brutale et gore, Ascenseur social surprend par l’immédiateté de son action et prend de court ses lecteurs à qui est suggéré que parfois, il faut à tout prix dégainer le premier si on veut le poste… Avec une exagération toute calculée et avec une critique en filigrane, il nous est rappelé que l’homme est un loup pour l’homme.

Là sont les dragons :

Il a bien fallu le reconnaître, au bout d’un moment : Ben était perdu ! Au coeur de la mégalopole japonaise dans laquelle il se promenait, les marées humaines et le labyrinthe du bâti avaient fini par lui faire perdre tous ses repères. Il restait heureusement en contact par téléphone avec quelques amis qu’il avait dans la ville, son errance prendrait donc forcément fin à un moment ou à un autre ! Marcher sans but dans cette jungle urbaine avait tout de même quelque chose de grisant, mais le comble de la fascination arriva lorsqu’au milieu de la foule, Ben aperçut… une biche ! Dès lors, son errance trouva un objectif et il se mit à essayer de rattraper l’animal…

Jouant sur le contraste entre deux univers totalement différents, entre une ville saturée et des décors forestiers, Tanguy Mandias lance un pont entre eux et réussit à faire germer de la poésie d’où on n’en attendait pas.

Vos passagers sont-ils bien attachés ? Vérifiez bien ! :

Il fait une chaleur à crever et le chargement ne craint rien vu qu’il est question de s’en débarrasser. Mais dans un élan de conscience notre conductrice vérifiera quand même que dans le coffre, son ex ne risque pas de lui fausser compagnie au dernier moment !

Le titre est long, mais l’histoire est courte. C’est l’histoire de quelques instants seulement. Un condensé d’ambiances et de défiance. On n’assiste pas à quelque chose depuis son début et jusqu’à sa fin, juste à un chapitre, à une parenthèse… Ça sent la sueur, la chaleur, le sadisme et la pitié. Bref, ça pue ! Surtout pour lui…

La fille sur la photo :

Quand des années après ressurgit une histoire qu’on voulait oublier, le malaise peut facilement se réinstaller et les plus perturbés des protagonistes peuvent éventuellement… péter les plombs !

C’est jusque-là la nouvelle la plus longue de cet ouvrage, celle qui est dotée aussi jusque-là du plus grand nombre d’illustrations ; qu’on doit à Sourya. L’idée, dans ce scénario, n’est pas mauvaise. Elle met le lecteur dans le doute quant à l’identité du personnage principal. Erreur ? Usurpation ? Suspense ! Et… vengeance ! Vous savez ? Ce plat qui se mange froid ! Un plat pas mauvais, mais pas non plus une histoire franchement exceptionnelle.

Histoire de femmes :

Heng l’Asiatique a dès son plus jeune âge été mise à l’écart de sa tribu car elle représentait pour eux une malédiction. Heng a donc grandi seule dans la forêt mais a ensuite été adoptée et est partie vivre à l’étranger. Un jour, des années après, elle est revenue chez les siens…

"Celle qui attend", jeune Africaine, a été témoin de transactions entre des acheteurs d’esclaves et des membres de sa tribu qui vendaient aux premiers d’autres membres de leur propre tribu. De quoi bouleverser la jeune fille…

Histoire de femmes
, c’est deux histoires qui se suivent mais qui sont indépendantes et qui se déroulent à des périodes complètement différentes. Leur point commun est que le personnage principal est une jeune héroïne. Et qu’après avoir vécu quelque chose de particulier, chacune est revenue vers les siens. Mais pas dans la même optique !

Nos vieux amis :

Leur population décroît, et pourtant, ils avaient largement de quoi tenir le dessus. Et ce depuis la nuit des temps, comme en attestent de nombreux récits…

Très court texte, Nos vieux amis est spécial dans la mesure où le lecteur ne sera peut-être pas sûr à 100% d’avoir compris qui en était le narrateur. Mais de nombreux indices l’auront mis sur la voie, sans toutefois que ses doutes s’estompent complètement. Mais sans que ça ne l’empêche de dormir, non plus ! A moins que là aussi "ils" puissent être tapis dans un coin et continuent leur travail de monstres et d’esprits ?!…

Jour de chasse :

C’est Pâques, aujourd’hui ! C’est le jour de la chasse aux oeufs ! Alors, après s’être déguisée et maquillée, Marion est devenue Noiram Casse-Fèves, et, avec quelques cousins eux aussi "pseudonymés" pour l’occasion, elle est partie à la chasse. Avec la ferme intention de ne pas faire la même erreur que l’année passée…

L’imagination des gamins n’a parfois pas de limites et une chasse aux oeufs de Pâques dans le jardin peut devenir l’occasion rêvée de se surpasser en matière d’idées. Tout comme c’est l’occasion pour un auteur de laisser libre cours à sa propre imagination ; voire de revisiter des instants qu’il a peut-être vécus lorsqu’il était plus jeune ?! C’est ainsi que dans ce récit, Noiram et ses cousins affrontent des créatures… chocolatées ! Doux rêve, penseront les plus gourmands ! Mais gare à l’indigestion, car lorsque l’ennemi est plus nombreux qu’on l’imaginait, la bataille n’est pas forcément gagnée d’avance. Bon retour en enfance, avec une chute un peu classique dans un mode voisin du "Dommage, ce n’était qu’un rêve !"

Poison rouge :

Il s’en passe des choses, dans les chambrettes qui se trouvent derrière les fascinantes vitrines du "Quartier Rouge" ! Et encore, je suis sûr qu’on ne saura jamais tout ! Mais un bruit s’est mis à courir, disant que celui des deux qui se répand dans l’autre n’est pas toujours celui qu’on croit…

On a là un récit très court mais très "visuel". Qui rappellera peut-être à certains un des sketchs du fameux Creepshow !

The box :

Un drôle de cube est arrivé chez les détectives Dan et Stunny : un cube dont ils vont essayer de percer le mystère en allant dans un premier temps, faute de mieux, à la bibliothèque pour consulter des ouvrages relatifs à la mythologique boîte de Pandore. Mais dont ils ne comprendront vraiment – et avec effroi ! – le fonctionnement que lorsqu’ils verront "l’objet" à l’oeuvre…

Voici une autre des histoires les plus longues de ce livre, une histoire où la formule ressemble à celle de ces films d’épouvante dans lesquelles les victimes se succèdent sans qu’on n’y puisse rien tant qu’on n’a pas trouvé la clé du mystère. En choisissant un tandem de détectives pas vraiment hyper convaincant, l’auteur crée une ambiance de départ qui ne va pas forcément de pair avec l’horreur et le fantastique de la suite de l’histoire. Mais peut-être est-ce justement pour créer la surprise ?

On détectera dans The box une petite référence à l’histoire d’avant ; sympa ! On notera aussi que les maths ne sont pas forcément le fort de Tanguy Mandias ou de l’illustrateur Thot : dans un des dessins, on lit en effet que le cube mesure 33 centimètres cubes. On pense plutôt ici, à la NASA, qu’il faut lire 33 centimètres de côté ! Hihihi ! 😉

Christie :

Christie n’en voulait pas de cette nouvelle voiture que son mari a achetée. Elle aurait largement préféré dépenser l’argent autrement ! Mais son avis ne comptait pas… Alors, lorsque la fameuse voiture est tombée en panne dès son premier trajet (!), Christie a eu, en quelques sortes, "sa petite vengeance"… Avant d’être traversée par l’idée d’une vengeance "un peu plus grande"…

Une histoire de bagnole se déroulant aux Etats-Unis et intitulée Christie, ça fait naturellement penser au Christine de Stephen King. Sauf que là, Christie, c’est le prénom d’une femme, et que la voiture, si elle s’avérera imprévisible, ne le sera pas de la même manière que l’est celle imaginée par le romancier américain. Dans le récit de Tanguy Mandias, quelques mots apparaissent et on sent de suite que l’auteur ne les a pas placés là par hasard. Comme "précipice", par exemple… Mais ne vous en tenez pas là, car il y a une vie, après le précipice ! Maintenant, faut voir quelle vie, héhéhé…

La concurrence est rude :

Lucien est un tueur à gages, un bon. Or, dernièrement, à deux reprises, il a été doublé au tout dernier moment. La concurrence est rude ! Lucien croit avoir repéré la personne qui lui a damé le pion ces deux fois-là. Et ça tombe bien, parce que pour sa nouvelle mission, Lucien embarque sur un bateau où il va la retrouver…

Les rendez-vous avec la mort sont le fonds de commerce des tueurs à gages. Le fait que Lucien se fasse doubler dans ses missions marquait-il que son temps professionnel (et son temps "tout court" !) était désormais compté ? Comme la concurrence, l’originalité est rude et quelques passages un peu confus dans ce récit n’en font pas un des meilleurs du lot.

20 ans de moins :

Martha n’en pouvait plus du stress qu’elle subissait à New York et elle est donc partie en cure dans un coin beaucoup plus tranquille. Au programme : bains, soins, repas… Ne plus penser à rien qu’à elle… Mmmm, le pied ! Cependant, Martha sera parfois étonnée des réactions de sa peau suite aux traitements. Mais le personnel sera toujours présent pour la rassurer et lui affirmer que c’est normal.

Il y a des hôtels comme l’Hotel California des Eagles, d’où on ne repart jamais. Il existe aussi des établissements desquels on ressort, Dieu merci, mais pas exactement dans l’état dans lequel on souhaitait ressortir ! En jouant sur l’opposition entre la quiétude que Martha est venue chercher en cure et les angoisses de cette dernière quant à ce qui lui y arrive jour après jour, l’auteur nous livre ici une petite cure d’épouvante bien sympathique… tant que c’est aux autres que ça arrive !

Lapu et Lecter :

Laputa et Lecter sont deux nonnes "hors normes" qui ont été affectées sur une île pour ne pas déteindre sur les autres membres de leur communauté. Elles y sont tranquilles, mais il leur arrive de plus en plus souvent de se voir livrer des corps d’enfants sur lesquels des organes ont été prélevés ; corps qu’elles doivent alors enterrer. Cette régularité et l’horreur de la situation les irritent. Elles décident donc un beau jour d’aller "à la source" de ce qui ressemble à un odieux trafic…

Dès le départ, une avalanche de détails nous confirme que les nonnes Laputa et Lecter ne sont pas conventionnelles. Exit donc la notion de religieuses ténébreuses, et place à deux héroïnes "fortes en gueule" aux côtés desquelles on va participer à un raid commando plutôt comique. Ce qui n’empêchera pas le sang de couler !

Jackpot Magot :

Quand la vieille Pockle a passé l’arme à gauche, ses descendants se sont précipités chez le notaire pour obtenir leur part d’héritage. Mais tous ont été déçus, ne repartant qu’avec des babioles sans grande valeur. Y compris Molly et Pop, les parents de la petite Biscuit, qui ont eux récupéré… un perroquet ! Sauf que ce perroquet parle et qu’à plusieurs reprises, il leur a indiqué des cachettes dans lesquelles ils ont trouvé des choses de valeur. Ne restait donc plus pour eux qu’à suivre les instructions quand elles arrivaient ! Or, une nuit, Biscuit a surpris une conversation entre l’oiseau et l’esprit de la défunte ; une conversation qui l’a persuadée qu’il fallait qu’elle fasse cesser cette spirale de "gain" à laquelle se prêtaient ses parents sans savoir où cela devait les mener…

L’idée de chasse au trésor est une bonne idée, même si la crédibilité des choses n’est jamais très élevée dans ce genre d’histoire ! C’est sur une trentaine de pages que se déroule ce récit, ce qui est peut-être un peu long, mais ce qui entretient le suspense. Quand la géographie des actions pointe vers le cimetière où a été enterrée Mamie Pockle, on pressent qu’en plus du côté spiritisme on va avoir droit à un côté zombie. Mais les choses ne sont pas si simples et les fins prennent parfois des tournures auxquelles on ne s’attendait pas. Ce qui est une bonne chose, en définitive ! Et qui pour l’occasion, un peu à l’instar du précédent Lapu et Lecter, irait presque à contre-courant de l’esprit Doggybags.

Aski dans la ville :

Il y a un âge où il faut savoir passer le relais, et ‘Ma a décidé que ce serait aujourd’hui. Elle s’est faite conduire par sa fille Aski jusqu’au chantier de construction d’une future banque pour s’y faire "enterrer" ; ou pour commencer une nouvelle "vie", c’est selon…

Transmission des traditions en mode "Poltergeist", c’est l’idée dans ce court récit où, pour une fois, celui qu’on enterre… est d’accord !

(h)exe(n) :

Alors qu’il transportait six prisonniers jusqu’au pénitencier où ils devaient être exécutés, Don a perdu le contrôle du fourgon quand un drôle de piéton a surgi devant lui. Le véhicule a quitté la route et a sûrement fait moult tonneaux ; assez en tout cas pour qu’au final, la policière Eve Driver constate, après avoir retrouvé ses esprits, que Don et cinq des prisonniers avaient disparu, que ses trois autres collègues étaient morts salement mutilés et qu’avec le prisonnier Chomsky, elle était la seule survivante. S’attachant à Chomsky à l’aide d’une paire de menottes, Eve va partir à la recherche des disparus. Dans la forêt où elle fera ses recherches, elle va faire une rencontre ahurissante qui la mènera, de fil en aiguille, jusqu’à une véritable "cour des miracles" où elle va participer à un extraordinaire rituel…

Ceux qui parlent l’allemand savent que le mot "Hexen" (oui, avec une majuscule) signifie "sorcières". Ils seront donc peut-être un poil spoilés sur la teneur des rencontres que feront la flic Eve Driver et son prisonnier après l’accident de leur fourgon. Ils ne comprendront par contre peut-être pas pourquoi le titre de cette nouvelle a ainsi été partiellement mis entre parenthèses. En tout cas, votre humble serviteur n’a pas pigé !

Comme pour offrir un bouquet final, une apothéose, cette longue nouvelle voit les surprises aller crescendo. Mais peut-être jusqu’à ce que ça en devienne un peu "too much". Entre un début et une fin crédibles, le coeur du texte est en effet farci de situations clairement fantastiques, entre fantasy et ésotérisme. Et quelque part, ça peut décevoir la lectrice ou le lecteur qui, au contraire, aimait bien le côté possible de la situation de départ avant que ça ne parte dans des propos moins évidents. Cela dit, ça plaira à ceux qui sont ouverts à ces juxtapositions d’univers improbables puisqu’ils trouveront justement là un bon lot d’éléments déjantés pour satisfaire leur appétit de lecture.

On relèvera que le matricule d’Eve Driver est le numéro 619 ; comme le label de la maison d’éditions Ankama. Le genre de clin d’oeil que peut faire un auteur à ceux à qui il est reconnaissant d’avoir mis son travail en avant. A savoir qu’au moins une autre nouvelle de Tanguy Mandias est trouvable : c’est dans le Doggybags présente T3 (Beware of rednecks).

Une petite "outro" clôt ce livre. Elle fait écho à l’intro et remet en service, le temps de ses deux pages, l’utilisation désordonnée des lettres minuscules et des lettres majuscules. Sangs d’encre a l’avantage d’être un recueil et de proposer des textes très différents sur le fond et sur la forme. Chaque lecteur y trouvera donc des nouvelles qui lui plairont plus que d’autres. C’est de celles-là qu’il se souviendra !
 

Par Sylvestre, le 11 juillet 2019

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