SAN-ANTONIO
San-Antonio chez les gones

Grangognant-Au-Mont-d’Or aurait pu être une petite bourgade paisible si ces jours derniers deux enfants n’avaient pas disparu et que leur instituteur n’avait pas été égorgé dans le préau de l’école. Le commissaire San-Antonio s’occupe de l’affaire, secondé par son fidèle ami le repoussant Bérurier. En couverture depuis une semaine dans l’école, les deux policiers piétinent lamentablement jusqu’à enfin trouver dans les affaires d’un élève une photo très équivoque. Cette découverte leur permet de remonter le filon jusqu’au domicile de l’ancienne chanteuse Léocadie Soubise autour de laquelle gravite un certain nombre de personnages peu ragoutants. San-Antonio tente d’investir le cercle. Autant dire que l’enquête chez les gones ne va pas être de tout repos car les morts tombent à la pelle !

Par phibes, le 19 mars 2018

Notre avis sur SAN-ANTONIO # – San-Antonio chez les gones

Après avoir fait l’objet d’une première série d’adaptation dans les années 70 (sept épisodes en tout ont été publiés chez Fleuve Noir) sous la houlette de Patrice Dard et Henri Desclez, San-Antonio, le commissaire au175 enquêtes créé par Frédéric Dard (le père de Patrice) revoit ses pérégrinations policières à nouveau remises sur le devant de la scène.

Cette fois-ci, c’est Michaël Sanlaville qui se lance dans cette équipée éditoriale. Fort de son remarquable travail exécuté précédemment tout particulièrement dans la saga Lastman, cet artiste complet n’a pas manqué, pour se faire la main et parce ce qu’il inspirait, de jeter son dévolu sur le roman éponyme paru initialement en 1962 (n° 51).

Force est de constater que cette enquête, complète au demeurant, est réellement bien interprétée. Cette dernière a l’avantage de nous replonger dans la verve argotique fleurie de son créateur, verve qui se veut inévitablement utilisée par une galerie de personnages également haut en couleurs. Pour ce faire, Michaël Sanlaville a souhaité rester fidèle à l’esprit du roman, respectant allégories verbales et voix-off (évidemment tronquées pour les besoins de cette adaptation). Il en découle donc une affaire policière truculente à l’ancienne, pétaradante voire gueularde à souhait, livrée dans une dynamique on ne peut plus rafraîchissante. L’intrigue se veut solide, énergisée par une bonne dose de rebondissements et saupoudrée d’un petit brin de coquinerie sexy.

Grâce aux travaux illustratifs réalisés sur ses précédentes séries (Le fléau vert, Mémel, Lastman…), l’artiste nous offre un dessin plein de punch pour le moins inspiré. Malgré peut-être une colorisation un peu fade, son semi-réalisme un tantinet caricatural semble fait pour l’univers de San-Antonio comme l’était celui de François Boucq lorsque ce dernier réalisait les couvertures des romans. De fait, on se plait à suivre l’intrigue dans une hyperactivité addictive, animée par des personnages au charisme débordant. Sur ce dernier point, on pourra saluer les clins d’œil opérés sur la physionomie de certains personnages comme par exemple San-Antonio qui ressemble à Alain Delon jeune, Ambistrouyan à DSK. On y croise furtivement Depardieu et autres. Bérurier est conforme à sa réputation, massif et pas très propre sur lui. Le tout est entouré de femmes généreuses et peu farouches.

Une adaptation des plus réussies qui donne réellement envie de revoir le Commissaire San-Antonio et son équipier Bérurier dans d’autres pérégrinations. Monsieur Sanlaville, y a plus qu’à !

Par Phibes, le 19 mars 2018

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