Samouraï

Paris, 2080, l’atmosphère est moite et "imprègne tout élément environnant de sa voluptueuse lubricité". Un aigle majestueux plane au-dessus de la ville, un homme dont on ne connaît que le nom de code, Samouraï, chemine muet et détaché vers son destin.

Par melville, le 12 février 2010

Notre avis sur Samouraï

Samouraï fait partie de ces bandes dessinées un peu à part qui relèvent parfois plus de l’exercice de style ; aussi déroutante qu’envoûtante, le 9ème art n’a jamais si bien porté son nom !

Avec Samouraï, Didier Eberoni nous offre un polar crépusculaire et lascif qui empreinte, sous la forme d’un hommage non dissimulé, autant au Samouraï de Jean-Pierre Melville qu’à Blade Runner de Ridley Scott. On pense au film de Melville pour cette volonté d’épurer le récit, de donner plus d’importance à l’environnement qu’aux mots pour transmettre une émotion et donc de rechercher par la même occasion la justesse de mots dits. On songe à Melville pour cette volonté d’exprimer l’inexprimable avec une inexpressivité absolue : à l’image d’Alain Delon, au travers du personnage de Samouraï transparaît la fascination qu’avait ce très grand réalisateur pour cette solitude hautaine et son dégoût du commun et du vulgaire… Samouraï, tueur à gage froid et implacable aux tendances schizophrènes hanté par les souvenirs lancinants de femmes sublimes est comme épié d’en haut par un aigle majestueux qui à le rôle de narrateur de l’histoire. Taiseux et solitaire, il erre dans un Paris futuriste où les enseignes éclaboussent de sexe la cité-lumière désormais partiellement sous les eaux, voguant vers son destin qu’il ne songe même pas contrarier. Le dessin de Didier Eberoni est tout simplement superbe ! La mise en image du propos est époustouflante et c’est à ce niveau qu’intervient la référence à Blade Runner. On y retrouve la même moiteur crépusculaire et cette atmosphère lourde et pesante où surveillance constante, définition de soi par l’appartenance à une caste et lubricité décomplexée sont les maîtres mots… Le dessin porte quasiment à lui seul toute la bande dessinée et nous emmène dans les pérégrinations intimes et intimistes de l’esprit de cet homme que l’on surnomme Samouraï.

J’aimerais également revenir un instant sur le soin apporté aux albums de Futuropolis. Avec leur couverture et leur pagination épaisses et surtout l’odeur si particulière de cette fameuse encre, un album Futuropolis c’est un peu plus qu’une simple bande dessinée : c’est un Futuropolis ! Et Samouraï en est plus que jamais l’exemple type…

Alors voilà, Samouraï n’est peut-être pas une histoire très abordable mais je ne peux cependant que vous recommander l’expérience de sa lecture. Pénétrez à votre tour dans le futur décadent imaginé par Didier Eberoni en compagnie de ce ronin taciturne…

Par melville, le 12 février 2010

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