SAMBRE
La mer vue du Purgatoire...

Non loin des rives irlandaises battues par la tempête, La désirée qui transporte les détenues à destination de Cayenne est en perdition après avoir heurté un récif. C’est l’affolement général à son bord si bien que les pauvres bagnardes sont bientôt livrées à elles-mêmes. Julie, enregistrée sous le matricule 3492 et obnubilée par le deuil de son amant Bernard et le retrait de son enfant Bernard-Marie, se voit malgré ses entraves miraculeusement rescapée du naufrage et recueillie par Adam Scott Shagreen, le gardien du phare de l’archipel de Skyvore Island. Ce dernier, ancien médecin un tant soit peu sermonneur, lui propose son aide. Est-ce que la jeune fille aux yeux rouges parviendra à se faire oublier de ses tortionnaires et plus particulièrement du Commissaire Guizot ? Aura-t-elle également la force de chasser de sa mémoire les fantômes qui la hantent et à ouvrir son esprit à une nouvelle destinée ?

 

Par phibes, le 1 juin 2011

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Notre avis sur SAMBRE #6 – La mer vue du Purgatoire…

Il ne fait aucun doute que ce sixième épisode de la saga originelle Sambre dont la notoriété a atteint des proportions internationales, était des plus attendus. En effet, pas moins de huit longues années, durant lesquelles une génération de l’arbre généalogique de cette famille frappée de particularisme et de malheurs a été évoquée (Hugo & Iris) et une deuxième entamée (Werner & Charlotte) ont été publiées, pour enfin avoir la suite du cycle dédié à Bernard-Marie & Judith et à la troisième génération (la plus proche de notre époque).

L’évènement est en soi de taille et vient reprendre chronologiquement le cours de l’histoire parallèle de deux destinées, celle de Bernard-Marie, le fruit d’une passion éphémère, et celle de Julie, mère de ce dernier, issue d’un passé tourmenté et promise à un avenir incertain. C’est d’ailleurs et surtout la jeune femme qui retient tout notre intérêt dans cet opus, victime d’un naufrage alors qu’elle est en transit forcé pour la Guyane qui la pousse à faire une halte également imposée sur une île irlandaise.

Ce tome 6 entretient les ambiances campées précédemment, mêlées d’aspirations divisées (vivre/mourir), de mélancolie, de souvenirs tenaces, de vengeance et d’amour inassouvi. Yslaire reste maître de son épopée intergénérationnelle dans des témoignages historiques envoûtants, dans des évocations romancées sombres, faisant naître sentiments forts et espoirs fugaces que l’on se plaira à déguster suavement. Julie, toujours aussi troublée et mystérieuse, fait de nouvelles rencontres après son incarcération et, dans un semblant de liberté, trouve ici un soutien inespéré en la personne volubile, volontaire et aimable d’Adam. Tout en verbe, certes un brin sentencieux, affable, ce personnage dont la nature a été adroitement travaillée et dont la situation isolée, quelque peu secrète, nous sera explicitée non loin de la fin, drainera une certaine romance à l’irlandaise et demeurera celui qui fait rebondir l’équipée de la jeune femme.

Le graphisme d’Yslaire est toujours aussi enchanteur (bien que semble-t-il moins fourni qu’auparavant) dans ses évocations anciennes recherchées et dans ses contrastes de couleurs (gris/rouge). La poésie, la force des sentiments qui s’en dégage et que l’on ressent au travers des regards perdus, sont des plus convaincantes et suscitent des émotions on ne peut plus puissantes. On se laisse bercer par la beauté des paysages côtiers irlandais (parfois traîtres) et l’expressivité des protagonistes (le regard de braise de Julie par exemple) dont on perçoit facilement le tourment.

Un rendez-vous espéré depuis très longtemps qui tient, de par sa qualité évocatrice, toutes ses promesses. A noter que cet opus est doté d’un petit clin d’œil scénaristique au prochain tome qui, nous l’espérons de tout cœur, sortira au plus tôt.

 

Par Phibes, le 26 juin 2011

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