Des salopes et des anges

Nous sommes en 1973. Le droit des femmes à l’interruption de grossesse n’existe toujours pas en France. Dès lors, un millier d’avortements clandestins se pratiquent chaque année, avec les risques sanitaires que cela comporte. Une femme en meurt tous les ans.

D’autres femmes optent pour un voyage dans des pays proches qui ont légalisé l’IVG. C’est le cas de l’Angleterre où partent justement Odile, Maïté et Anne-Sophie grâce à un transport en bus organisé par une association militant pour les droits de la femme.

Toutes trois ont des vies bien différentes, mais leur drame va en faire de vraies amies.

Par legoffe, le 5 octobre 2011

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Notre avis sur Des salopes et des anges

L’écrivain Tonino Benacquista s’est associé à la grande Florence Cestac pour aborder un sujet de société sensible, l’interruption volontaire de grossesse.

Avant de nous emmener sur les traces des trois héroïnes, direction Londres, les auteurs prennent le temps de rappeler le contexte historique sur cinq planches. Le drame des femmes vis-à-vis de l’avortement y est relaté depuis les temps anciens. Le constat est terrible : les risques physiques et juridiques sont légions pour les femmes. Quant aux hommes, hé bien ils sont globalement assez tranquilles. D’aucuns diront qu’ils ont le bon rôle, comme d’habitude. D’autres diront carrément qu’ils jouent le mauvais rôle, imposant une vision machiste de la société, ce qui est assez naturel dans la mesure où le pouvoir était, et reste encore, très masculin.

Cet album a ainsi le grand mérite de nous rappeler cela, et de souligner que le droit à la contraception et, plus encore, celui à l’avortement, sont très récents en France. Plusieurs pages sont d’ailleurs consacrées au combat de la ministre de la santé de Giscard d’Estaing, Simone Veil, qui doit défendre une loi en faveur de l’IVG devant un parlement masculin globalement défavorable au sujet. C’est assez édifiant, et intéressant, surtout pour un lecteur comme moi qui n’a pas vécu le débat, n’étant pas né à l’époque.

Mais la bande dessinée est aussi le récit de trois femmes. Nous découvrons leurs états d’âmes, leurs inquiétudes, le pourquoi de leur choix et, au final, leur voyage à Londres. Les dialogues sont parfois drôles, souvent incisifs, mais toujours baignés d’un esprit empli d’humanité et de tendresse. Nous sentons vraiment l’esprit militant des auteurs qui veulent rappeler ce que les femmes doivent parfois endurer, dans leur corps et leur esprit, souvent confrontées à l’incompréhension de leur entourage.

On ne lira pas tant l’album pour y découvrir une histoire originale, mais plutôt pour réfléchir et comprendre la femme dans son choix d’avoir ou non un enfant, sans devoir en payer le prix lourd. Le récit des trois amies est, en effet, avant tout un témoignage. Son scénario est d’ailleurs assez convenu, sans grandes surprises, et c’est bien le seul point que l’on regrette un peu à la lecture de l’album. Nous devinons qu’un traitement plus développé du récit aurait aussi, sans doute, changé l’esprit de la BD, qui a le mérite ici de nous plonger en un album dans des enjeux forts, à travers l’Histoire et des histoires.

Ce livre est, en tout cas, un hommage appuyé des auteurs vis-à-vis de toutes celles qui ont bravé la vision trop masculine de la société, quelle qu’en soit l’époque. Et, si de ce point de vue, il y a eu du progrès, il reste encore beaucoup à faire sur bien des sujets !

Par Legoffe, le 5 octobre 2011

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