SALEM LA NOIRE
Tongeren et Finicho

Expulsés de la guilde des fielleux de Salem pour une énième bévue, Apanathur et Nusrat reviennent, non sans appréhension, sur les lieux de leur enfance en la cité de Chemmaag. Ils y retrouvent leurs demi pères Ramesh et Knoll et tous ceux de leur génération en pleins préparatifs du tournoi de "rugberserk". Mais leur retour aux sources forcé accompagne fortuitement la venue, dans le même village, du nécromant Almenech dont les pouvoirs lui ont permis de régénérer deux déterrés, Tongeren et Finicho, au grand dam de Grignotte, la goule. Il est certain que la conjonction de tout ce petit monde va jeter un sort à la vie somme toute rangée de Chemmaag.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur SALEM LA NOIRE #3 – Tongeren et Finicho

Nous prenons des héros qui n’en sont pas forcément, des sorciers nécromants qui débordent d’énergie machiavélique, une créature décharnée prévenante qui aime le verbe, un démon exterminateur qui est à cheval sur le protocole, des adeptes d’un sport collectif de contact épurateur, et nous obtenons un mélange culturel homogène sorti tout droit de cogitations d’auteurs bien inspirés et en bonne progression.

C’est donc avec grand plaisir que nous retrouvons l’univers onirique créé par Sylvain Cordurié qui abandonne en cet opus la cité des mages de Salem pour une nouvelle destination, celle de Chemmaag, village de bord de mer, berceau des deux protagonistes principaux et d’un sport régional très en vogue, le "rugberserk".

Toujours servies par des dialogues bien soignés et très abondants, les péripéties énergiques d’Apanathur et de Nusrat se dévorent bien agréablement et répondent favorablement à notre appétit de récits fantaisistes. On ne peut que se gausser des pérégrinations de ces derniers qui subissent, une fois de plus, leurs déconvenues "chemmaaguiennes" (pensez donc, se trouver face à des êtres fantastiques qui veulent en découdre avec leurs pauvres personnes, ce n’est pas rien !) et qui, d’un mouvement de plume approprié et salvateur, parviennent à se sortir de leur mélasse. Par ailleurs, les clins d’œil au monde rugbystique sont bien sympathiques (le style percutant du "rugberserk", mi-football américain, mi-rugby est assez cocasse) et permettent d’apprécier un haka bien trivial.

Les graphiques de Stéphane Créty (qui viennent en préalable de la série en cours "Acriborea") sont très animés et se découvrent selon des plans savamment utilisés. Dessinateur on ne peut plus acharné par le travail qu’il abat (il suffit de voir les délais réduits de réalisation de ses trois albums), il convainc par la justesse de son trait et les expressions qu’il octroie à ses personnages. De même, il excelle dans la création des êtres cauchemardesques tels la "goule" ou le "tage", démontrant un esprit d’inventivité bien développé.

Taille chance ! Voici, à ce jour, le dernier opus d’un tandem qui augure des moments d’intenses lectures pleines de rebondissements infernaux et de magie destructrice. Gageons que les péripéties contées en appellent d’autres, car l’envie du lecteur est comme l’estomac de la goule, insatiable ! Gromeleumeleu !

Par Phibes, le 8 novembre 2008

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