SALAMMBO
Les Nus

Cet ouvrage luxueux intitulé Salammbô, les nus propose en vis-à-vis des textes de Gustave Flaubert et une galerie de portraits inédits de la Salammbô de Philippe Druillet, héroïne classique dont il avait adapté l’histoire en bandes dessinées à partir de 1978 avant de la voir reparaître fin 2010 sous la forme d’une intégrale également aux éditions Drugstore.
 

Par sylvestre, le 11 janvier 2011

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Notre avis sur SALAMMBO # – Les Nus

Au noir des pages de gauche où les textes apparaissent, sobres, majoritairement narratifs, justifiés et lettrés blancs, répond la pluralité des couleurs vives des portraits de Salammbô honorée par le touche-à-tout Philippe Druillet. "Une quarantaine de portraits très comparables, voire identiques", diront ceux qui n’auront parcouru l’ouvrage que trop vite en ayant l’impression d’avoir vu apparaître, à chaque page tournée, le visuel qui orne la couverture…

Mais bien entendu, bien que très semblables, ces portraits sont tous différents. Numérotés, datés et signés, tamponnés pour être authentifiés, même, leur apparente ressemblance invite justement les lecteurs à l’observation fine, attirant inévitablement l’œil sur eux plutôt que sur les textes présentés en vis-à-vis.

Très géométrique, très symbolique dans sa peau bleue et avec un visage à la Grace Jones aux traits parfois très masculins, Salammbô se présente, fière, bombant une généreuse poitrine qui de face impose deux énormes ronds ; deux énormes seins qui, lorsqu’ils sont montrés de profil, répondent alors à la loi d’une disproportion toute gourmande (le sein le plus éloigné étant paradoxalement dessiné plus gros que celui du premier plan !) Des formes phalliques dorées s’invitent dans les compositions, qu’elles soient des bijoux portés par la belle ou (comme) des doigts qui viennent lui caresser la peau. Et si certains arrière-plans sont très simples et aplatissent le rendu, des "fenêtres" souvent géométriques aussi s’ouvrent par contre sur l’infini spatial. Le tout baigne dans la lumière des tissus et autres carapaces dont est affublée Salammbô, pailletée de multiples détails parmi lesquels on reconnaîtra souvent ce visage schématique qui fait le sceau de Philippe Druillet.

Un carnet d’ébauches vient compléter ce portfolio : quelques pages présentant (en format beaucoup plus petit que les dessins en couleurs) les croquis de composition de ces portraits. Le tout divisera par contre sur la question du prix qu’il faut payer pour se procurer Salammbô, les nus… Trente euros, c’est peu pour un musée chez soi, mais ça reste un gros prix pour une réédition de textes et quarante reproductions de peintures très similaires…
 

Par Sylvestre, le 11 janvier 2011

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