Sakuran

Elle a dû prendre le nom de Tomeki quand elle a été vendue, très jeune, à une maison close. C’est en qualité de "suivante" qu’elle a commencé à officier dans la maison Tamagiku : en qualité d’assistante de femme de métier. Mais son caractère était fort, et elle était décidée à s’enfuir afin de ne pas devenir prostituée, comme les autres.

Pourtant, et malgré les contraintes, Tomeki a grandi dans l’univers cloîtré de la maison close Tamagiku où elle a fini par faire ses débuts de professionnelle recevant des clients sous le nouveau nom de Kiyoha. Ses talents furent vite reconnus, prisés, et elle s’est hissée jusqu’à l’enviable rang de oiran avec, à son service, une petite suivante qui a dû lui rappeler bien des souvenirs…
 

Par sylvestre, le 17 décembre 2010

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Notre avis sur Sakuran

Couverture partiellement métallisée brillante, et extérieur des pages rose… Dans vos mains, cet ouvrage ressemblera à la chatoyante cassette d’une coquette collectionneuse de bijoux ! Et en effet, c’est un manga précieux que ce Sakuran : l’intéressante histoire d’une destinée hors du commun qui vous introduira dans le très codifié monde des maisons de plaisirs du quartier Yoshiwara de Edo, le Tokyo d’alors…

En suivant l’évolution de carrière (si l’on peut dire !) d’une héroïne dont on ne saura finalement jamais le véritable prénom, on se laisse conter les règles et les habitudes d’un tel lieu où les tensions internes font place, quand l’heure vient, au sourire que les prostituées sont obligées d’afficher pour séduire le client mais également pour une certaine question d’honneur. La prostitution dans Sakuran nous apparaît terriblement loin de celle des sordides ruelles d’aujourd’hui où le plaisir se prend en quelques dizaines de secondes ! Vendre son corps était donc un art qui générait ses stars et le client était parfois très loin d’être le honteux mâle qui voulait avoir recours en toute discrétion aux service d’une professionnelle du sexe.

Moyoco Anno n’est pas la mangaka qui dessine les plus belles femmes. Son style les représenterait même presque malades, parfois : traits tirés, grands yeux soulignant la maigreur des visages – un peu comme celui de Natsume Ono et de ses personnages livides. Elle parvient néanmoins à faire surgir la grâce des femmes qu’elle dessine grâce à leurs vêtements qui les rendraient presque aussi belles et sensuelles que si elles étaient montrées nues : coiffures sophistiquées, baguettes de chignons et kimonos aux plis multiples donnent, vous en conviendrez, des allures terriblement sexy à ces oirans et autres courtisanes !

C’est spécial, après : on est coincé entre nos fantasmes et nos préjugés modernes et notre intérêt pour la culture japonaise d’antan, mais on est en mal de références qui rendraient nos jugements plus appropriés, plus en phase avec ces codes qu’on n’imagine pas exister dans notre société européenne. Mais c’est pour cela que c’est intéressant, et c’est pourquoi découvrir cette œuvre manga pour adultes dans la collection Pika Graphic des éditions Pika est enthousiasmant : ça allie plaisir et découverte, fiction et culture. Sakuran est à lire, donc ! Et en grand format, s’il vous plaît ! Alors, n’hésitez pas et poussez les portes de la maison Tamagiku…
 

Par Sylvestre, le 17 décembre 2010

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