SAINT KILDA
Les esprits d'Hirta

Parce qu’il a défendu sa thèse sur un sujet anticonformiste, Darius Kingsley, jeune docteur en biologie et partisan des théories révolutionnaires de Darwin, a été envoyé par son université après intervention de son père, sur l’archipel de Saint Kilda. En ces lieux perdus au beau milieu de l’Atlantique nord, le scientifique se doit de faire, dans un délai incompressible de deux ans, l’étude de la faune et de la flore de ce territoire. Mais sa rencontre avec les autochtones pousse Darius à s’intéresser de plus près à cette communauté et à ses mœurs, guidée par l’autoritaire Jacob. Pourquoi tant de sévérité et si peu d’ouverture au monde extérieur ? Darius va tenter de comprendre ce mystère.
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur SAINT KILDA #1 – Les esprits d’Hirta

"Les esprits d’Hirta" constitue l’ouverture d’un nouveau récit d’aventures prévu en deux volumes chez l’éditeur Emmanuel Proust, concocté par le très inspiré Pascal Bertho, scénariste apprécié pour ses travaux sur les séries "Chevalier malheur", "Chéri Bibi", "Aëla"… ou sur les one-shot "Sept pirates" et dernièrement "Endurance".

A ce titre, cet auteur s’accapare d’un fait historiquement intéressant qui se rapporte à l’isolement d’un archipel écossais dont les habitants étaient totalement ignorants de ce qui se passait à l’extérieur. Fort de ces éléments décisifs, Pascal Bertho en fait le lieu privilégié d’une aventure romancée d’une teneur des plus attrayantes. Pour ce faire, il met en scène d’un côté Darius, un naturaliste débutant exilé, et de l’autre, Jacob, une sorte de guide spirituel énigmatique et dictatorial. Au milieu de ces deux individus, se trouve une communauté asservie, vivant dans une ignorance confondante.

Sur un fonds de mystère bien entretenu et au gré des flash-back qui fleurissent çà et là le récit, on participe passivement à la lente découverte du monde vierge et immuable de Saint Kilda. La vision qui nous est offerte est celle, comme il se doit, d’un naturaliste doublée de celle d’un homme curieux de comprendre les coutumes d’une société vivant en totale autarcie. Si le climat de suspicion se renforce au fil des pages grâce aux constatations de Darius et aux altercations sèches avec Jacob, l’intérêt pour l’aventure redouble d’intensité par une autre intrigue liée à la compagne "naturelle" du jeune homme.

Le suspense n’est donc pas exclu de ce récit qui se veut très bien charpenté, très attrayant, empli de rebondissements excellemment amenés dans une linéarité scénaristique appréciable. Sous couvert d’un affrontement que l’on pressent, l’ignorance des autochtones se perçoit parfaitement au travers des dialogues quelque peu surprenants et dans la façon d’agir de chacun au sein de la communauté.

Au niveau graphique, Chandre produit un travail méthodique, méticuleux et doucereux quant à l’utilisation de la couleur directe. Son talent que l’on peut remarquer par ailleurs dans la série "Agatha Christie" du même éditeur, est indéniable car il sait tenir ses pinceaux dans une authenticité historique qui attire l’œil indubitablement. Décors maritimes et personnages du 19ème apparaissent dans une force picturale bien maîtrisée et garantissent pleinement l’ambiance atypique de Saint Kilda.

Ce premier tome augure une équipée romanesque très prenante qui, par son côté atypique et par le mystère qu’elle développe saura inciter de nombreux lecteurs à partager ce voyage au bout du monde.
 

Par Phibes, le 17 mai 2009

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