La montagne dont la tête touche le ciel

Arnaud est un adolescent mal dans sa peau, surtout depuis le divorce de ses parents. Pour lui, la faute revient à son père et à sa passion dévorante de la montagne.

À l’école, Arnaud collectionne les mauvaises notes. Sa mère, inquiète, estime qu’Arnaud, pour son bon équilibre, doit reprendre le dialogue avec son père qui vit aujourd’hui au Népal. L’adolescent refuse au début puis accepte pour faire plaisir à sa mère. Le voilà donc parti pour un entraînement à l’alpinisme, d’abord avec des guides de Chamonix, direction le Mont-Blanc. Une préparation indispensable car son père a décidé de l’emmener avec lui pour l’ascension… de l’Everest, pas moins ! Cette ascension commune suffira-t-elle a les rapprocher ?

Par legoffe, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur La montagne dont la tête touche le ciel

Les éditions Emmanuel Proust poursuivent leur collaboration avec Eurosport et le Ministère de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la vie associative (ouf, c’est dit) en publiant un nouveau one-shot sur le thème, cette fois, de la montagne. Le sport choisi est la discipline quasi mythique de l’alpinisme. Ce n’est pas la plus pratiquée des activités montagnardes, mais elle est une des plus emblématiques. Elle représente le sommet, le défi humain face à l’inaccessible, le mystère de l’inconnu… La montagne des alpinistes, c’est aussi la beauté des paysages, la solidarité des hommes et le partage d’une passion parfois incompréhensible pour celui qui n’a pas vécu l’intensité que revêt une voie d’escalade ou une marche vertigineuse.

Ce sont ces valeurs que tentent de mettre en avant Patrick Weber et Renaud Pennelle, appuyés par les conseils avisés d’un guide réputé, Serge Koenig, et d’autres connaisseurs comme Olivier Mansiot, cadre de la FFME (1), la fédération des amoureux de montagne.

Pour se faire, ils ont choisi de mettre en scène un adolescent mal dans sa peau. Cette quête de la montagne devient, dès lors, aussi une marche vers la réconciliation avec son père. En d’autres termes, ce scénario est du très classique, autant dans le principe que dans le déroulement de l’histoire, sans doute pour mieux séduire un jeune public.

Suivre l’aventure n’en reste pas moins agréable. D’une part, cela permettra à beaucoup de découvrir quelques notions de l’alpinisme, notions disséminées au fil de l’aventure d’Arnaud. Cela permet aussi de se dépayser en partant sur les chemins menant à l’Everest. Le nom Sagarmatha est, en effet, celui que donnent les Népalais au toit du Monde comme l’explique très bien Koenig dans sa préface, intéressant résumé de la conquête de l’Everest.

Lire cet album, c’est aussi l’occasion de s’élever vers des sommets joliment dessinés par Pennelle, dont c’est le premier album. Ses traits anguleux se prêtent bien à l’exercice. Les arêtes sommitales se confondent avec le visage marqué des hommes, comme s’ils ne faisaient plus qu’un avec la montagne.

C’est donc un assez beau voyage que nous proposent les auteurs, même s’il aurait mérité un scénario moins convenu.

Et, pour ceux que l’histoire ferait rêver, précisons qu’il faudra beaucoup, mais alors beaucoup d’entraînement et d’expérience avant de pouvoir s’offrir le toit du Monde. La cinquantaine de pages de l’album ne permettait pas de détailler les innombrables ascensions nécessaires à la marche vers l’Everest. A ceux là, je conseille de lire l’extraordinaire série sur l’alpinisme Le Sommet des Dieux, de Taniguchi.
Mais le but premier, ici, était de faire rêver et de donner envie de découvrir le milieu magique qu’est la montagne. Une mission sans doute réussie en partie, même si la montagne ne se résume pas à la conquête des hauts sommets et que bien de petites balades familiales feront autant rêver par leurs panoramas et leur plongée dans la nature. Ces aspects-là ont été occultés et c’est un peu dommage. Le dossier « montagne » inséré à la fin de l’album ne rétablit pas non plus cette lacune, se contentant de lister les consignes de sécurité ou de respect de l’environnement. Pratiquant régulier de la montagne, je trouve important de rappeler ces éléments ; mais fallait-il pour autant rééditer l’intégral du mémento de la sécurité en montagne ? J’ai quelques doutes là-dessus. Il eut sans doute été bon d’y intégrer aussi une présentation des nombreuses activités spécifiques à la montagne dont beaucoup sont un passage quasi incontournable avant de songer à aller plus loin… et plus haut, sur le territoire des alpinistes.

(1) Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade

Par Legoffe, le 2 novembre 2008

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