SAC DE BILLES (UN)
Tome 1

Dans le Paris de 1941, rue Marcadet, Joseph et Maurice profitent dans une insouciance qui sied à leur âge de la tranquillité toute relative de leur quartier. En effet, la capitale est occupée et l’oppresseur se fait de plus en plus menaçant. Fils de coiffeur juif, ces derniers se voient obligés de porter l’étoile jaune et écartés de l’école. Sentant le péril enfler à vue d’œil, leurs parents prennent la décision d’envoyer les deux enfants en zone libre afin qu’ils rejoignent leurs frères aînés à Menton. Après avoir été conditionnés et dotés d’une grosse somme d’argent, Joseph et Maurice, livrés à eux-mêmes, quittent Paris et se lancent dans la grande aventure avec en toile de mire la liberté, dans une équipée à la fois physique et morale, grevée par de multiples dangers qui mettent à tout moment leur vie en balance.

 

Par phibes, le 19 mars 2011

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Notre avis sur SAC DE BILLES (UN) #1 – Tome 1

Après leur superbe volume Coupures irlandaises, Kris et Vincent Bailly se retrouvent, pour cette fois-ci, se lancer dans l’adaptation du roman autobiographique à succès du même nom écrit par Joseph Joffo.

Kris semble quelque peu sensible à la thématique du voyage initiatique, puisque ce premier opus de Sac de billes l’amène à retrouver deux enfants destinés à se mouvoir dans une ambiance conflictuelle. Ici, le récit nous renvoie un peu plus en arrière, à une époque douloureuse, celle de l’occupation durant le seconde guerre. Il va de soit que la portée de cette adaptation est on ne peut plus prenante par le fait, tout d’abord, que l’histoire est basée sur des faits authentiques, vécus par la narrateur lors de son enfance. Par ailleurs, c’est un duo de gamins qui mènent la barque et qui, par leurs agissements incertains, nous plonge dans une atmosphère saturée d’émotions.

Le résultat est là. Hormis le fait que le scénariste s’attaque à un succès littéraire, il parvient grâce à sa maîtrise des aventures sociales et à ses choix structurels, à restituer un message clair. Le parcours qu’il nous expose est confondant dans son découpage, dans sa sensibilité ambiante, dans ses évocations difficiles d’une situation de guerre et d’épuration ethnique, dans sa légèreté perceptible, dans ses rebondissements.

L’intrigue familiale dont il est question révèle décision difficile, tension, honneur, immaturité enfantine et volonté de vivre. Grâce à Joseph Joffo, Kris joue l’émotion à fond et le fait avec pudeur, sans exagération, dans des élans humanistes confondants. La fuite préparée et également désorganisée des deux enfants est imparable, oppressante par le péril permanent mais également belle dans ses entournures.

Le regard que porte le dessinateur Vincent Bailly sur cette première partie de l’adaptation est conforme à l’orientation de l’équipée. Son style en couleur directe reflète indubitablement une certaine juvénilité ambiante, une sensitivité graphique qui touche généreusement. Son trait est des plus délicats et offre une vision de l’adaptation doublement forte et pleine de douceur.

Une évocation autobiographique des plus attachantes portée par un duo d’auteurs en pleine forme adaptatrice.

 

Par Phibes, le 19 mars 2011

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