S.O.S. BONHEUR, SAISON 2
Volume 1

Pour assurer le bon fonctionnement de la société, cette dernière s’est progressivement privatisée, prônant des valeurs plus morales, notamment avec l’intervention de forces de maintien de l’ordre matrimonial ou encore permettant l’ingérence des sociétés d’assurance dans le quotidien de leur assurés, surveillant si les uns et les autres restent bien des "clients" viables… Et cette moralité passe aussi par la surveillance des populations d’immigrés qui doivent mériter leur permis de travail, quand bien même ils passeraient derrière les candidatures plus méritantes de "vrais français"… Et si ce nouvel ordre nécessite un peu de mise en scène pour être reconnu, pourquoi pas jouer aussi avec les informations et les images…

Par fredgri, le 5 novembre 2017

Notre avis sur S.O.S. BONHEUR, SAISON 2 #1 – Volume 1

La première trilogie commence à paraître en 88, soit il y a trente ans. Le propos du scénario de Van Hamme tendait à dénoncer une certaine société qui sous couvert de satisfaire sa population, la manipulait au profit d’une oligarchie qui allait même jusqu’à organiser son propre contre pouvoir, un peu à la façon de 1984 d’Orwell, en plus insidieux !

Pour cette saison deux, nous retrouvons Stephen Desberg au scénario, aux côté de Griffo, fidèle au poste !
Son approche reste plus ou moins la même, il organise quatre chapitres, à priori jusque là indépendants les uns des autres, qui racontent les démêlés de quatre individus confrontés au dérapage d’une société trop intrusive, qui veut absolument tout contrôler en prétextant la aussi faire tout ça pour une meilleure qualité de vie pour tous ! Il n’est pas très dur de faire le parallèle avec ce qui nous entoure, cette poussée à la privatisation qui amène les boites d’assurance à s’immiscer toujours plus indiscrètement dans nos vies, à ce simili ordre moral qui prétend réinstaurer des valeurs qui n’ont finalement comme effet que de limiter les émotions et la liberté des uns et des autres, sans oublier ce repli sur soi face à l’immigration !!!

Restant donc parfaitement dans la lignée de ce qu’avait proposé Van Hamme avant lui, Desberg garde cette volonté de dénoncer sous couvert d’une fiction d’anticipation intelligente, une dystopie qui ne fait plus illusion longtemps.
Bien sur, les portraits brossés devant peuvent sembler caricaturaux, mais il suffit d’allumer les informations, d’écouter les conversations de comptoirs autour de nous pour bien prendre conscience que la limite entre fiction et réalité est pour le coup des plus fines et que ces récits pourraient presque valeur prophétiques pour peu qu’on ne fasse en effet rien pour changer les choses… Et c’est en ça que le scénario de Desberg est aussi habile, il finit par un dernier segment racontant la préparation d’un faux reportage ou est mise en scène le faux attentat contre le président et sa femme… Histoire de bien comprendre que l’image, aujourd’hui, est souvent plus importante que les programmes, et qu’un rien peut complètement retourner l’opinion publique…

En attendant, ce premier volume se dévore d’une traite. Beaucoup d’émotion chez ces personnages qui basculent du jour au lendemain dans le cauchemars d’une dictature à peine dissimulée.
On se doute néanmoins que Desberg va progressivement orchestrer une contre réaction, sur le modèle de la première "saison", qu’il se peut même que ces "héros" en viennent à revenir, à se croiser dans un propos plus global, plus pro-actif…

Mais dans le climat actuel, tourné vers le profit à tout prix, la déshumanisation galopante et la manipulation médiatique, il est utile d’avoir ce genre de projets critiques, sans concession, histoire de remettre quelques pendules à l’heure !

Dans l’attente de la suite, je vous conseille vivement de vous pencher sur ce retour de S.O.S. Bonheur, toujours remarquablement mis en image par Griffo, toujours aussi à l’aise avec ces ambiances sombres et tendues… Magnifique !

Par FredGri, le 5 novembre 2017

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