S.O.S. BONHEUR, SAISON 2
Volume 2/2

Trois nouvelles chroniques sociales qui mettent en scène de nouvelles victimes de ce système social qui temps vers la privatisation, vers une sorte d’utopie fascisante…

Par fredgri, le 11 décembre 2019

Notre avis sur S.O.S. BONHEUR, SAISON 2 #2 – Volume 2/2

Pour assurer son bon fonctionnement, la société présentée dans ce diptyque s’est progressivement privatisée, prônant des prétendues valeurs plus morales, elle pousse la surveillance des uns et des autres et promet des jours heureux dans des maisons de retraites qui ressemblent davantage à des prisons insalubres… Cette moralité nécessite toujours plus de mise en scène pour être reconnue, on promet à de jeunes inconnues des jours plus glorieux, alimentant une compétition permanente qui assurent un spectacle non stop qui se déverse sur les écrans de tous, impudique…
Pour ce second volume de la saison deux de S.O.S. Bonheur, nous retrouvons Stephen Desberg et Griffo qui rassemblent ici toutes les intrigues pour un final à la fois grandiose et d’un cynisme glaçant !
L’approche scénaristique reste dans la même optique que celle de Van Hamme, Desberg organise des chapitres, à priori indépendants les uns des autres, au départ, qui racontent les démêlés d’individus confrontés à la manipulation d’une société déshumanisée, qui veut absolument tout contrôler en prétextant la aussi faire tout ça pour une meilleure qualité de vie pour tous ! Encore une fois, il n’est pas très dur de faire le parallèle avec ce qui nous entoure, cette poussée à la privatisation qui amène les boites d’assurance à s’immiscer toujours plus indiscrètement dans nos vies (regardez l’actuelle affaire autour de la réforme de la retraite), à ce simili ordre moral qui prétend réinstaurer des valeurs qui n’ont finalement comme effet que de limiter les émotions et la liberté des uns et des autres… !!!

Desberg garde donc toujours cette volonté de dénoncer sous couvert d’une fiction d’anticipation intelligente, une dystopie qui ne fait plus illusion longtemps. Il suffit d’allumer les informations, d’écouter les conversations de comptoirs autour de nous pour bien prendre conscience que la limite entre fiction et réalité est pour le coup des plus fines et que ces récits pourraient presque avoir valeur prophétique pour peu qu’on ne fasse en effet rien pour changer les choses… Et c’est en ça que le scénario de Desberg est aussi habile, il montre à la fois le processus de déshumanisation, le gouffre qui sépare les différentes classes, tout en prenant du recul pour montrer qu’il ne s’agit que d’un perpétuel cirque, qu’un rien peut complètement retourner l’opinion publique et lui faire croire à une révolution…

On dévore cet album d’une traite. Beaucoup d’émotion chez ces personnages qui basculent du jour au lendemain dans le cauchemars d’une dictature à peine dissimulée. On est sensibilisé par ce qu’ils vivent, on les comprend, on sert les poings. Desberg organise la contre réaction, il trouble les pistes, c’est passionnant…
Encore une fois, dans le climat actuel, tourné vers le profit à tout prix, la déshumanisation galopante et la manipulation médiatique, il est utile d’avoir ce genre de projet critique qui parle des choses, qui les formule !

Je vous conseille vivement de vous pencher sur S.O.S. Bonheur, toujours remarquablement mis en image par Griffo, toujours aussi à l’aise !

En attendant une version intégrale, faites vous un beau cadeau en cette période de fêtes de fin d’année !

Par FredGri, le 11 décembre 2019

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