S'il suffisait qu'on s'aime. Chronique des années PMA pour toutes

 
Daphné et Julie se sont rencontrées pendant la Marche des Fiertés, à Paris, en 2013. Elles ont ensuite multiplié les occasions de se revoir jusqu’au jour où elles ont compris qu’elles étaient amoureuses l’une de l’autre. Les deux femmes se sont alors mises en couple, se blindant contre le jugement pas toujours bienveillant des autres, et se posant mille questions qu’on se pose dans une vie de couple, relatives notamment à la parentalité et aux moyens d’y parvenir.
 

Par sylvestre, le 30 janvier 2023

Notre avis sur S’il suffisait qu’on s’aime. Chronique des années PMA pour toutes

 
Dans ce livre, on suit un couple très fortement inspiré de celui que forment "dans la vraie vie" les deux autrices Daphné et Julie. Mais c’est plutôt leur "parcours du combattant" qu’on suit, en réalité, puisque si vivre en France au XXIème siècle devrait être une garantie de libertés, on se rend bien compte que les traditions et les manières de penser sont majoritairement restées très réfractaires, voire très intolérantes aux avancées sociales demandées et plus ou moins gagnées par les personnes voulant vivre autrement que selon le classique schéma du couple homme-femme.

Les évolutions de la science, la culture moderne et le train des réflexions relatives aux droits et aux libertés de chacun mettent de plus en plus sous la lumière des projecteurs les gens qui réclament pour leur vie l’égalité totale et sans conditions. Les couples comme celui de Julie et Daphné sont des unions entre personnes adultes consentantes qui ne font de tort à personne ni qui dégagent leurs membres de quelque devoir de citoyen que ce soit. Ce sont des gens qui travaillent, qui paient leurs impôts comme tout le monde… Et qui aiment, aussi. Mais voilà, ils n’aimeraient pas "comme tout le monde"… Dans notre société patriarcale, les couples homosexuels et autres personnes transgenre sont vus comme une menace : ils déstabilisent, ils font peur. Leurs revendications lèvent donc des armées de protestataires et laissent place aux manifestations et aux contre-manifestations qui vont bien.

Au XXIème siècle, en Europe occidentale, ces questions de l’homosexualité, de l’homoparentalité (et autres) sont récurrentes. Mais derrière un vernis de compréhension plus ou moins sincère, c’est surtout des bâtons dans les roues des (dits) "marginaux" qui sont mis ! Et on le comprend bien en suivant Daphné et Julie : sur quelque point que ce soit, leur quotidien n’est qu’une succession d’épreuves parfois humiliantes, qu’elles soient sociétales, administratives, sanitaires ou autres.

Bien des gens qui sont "contre" les unions atypiques mettent de l’eau dans leur vin dès lors qu’ils sont personnellement touchés. C’est d’ailleurs sans doute l’espoir des gays et des lesbiennes : à force, leur cause et leurs combats seront de moins en moins diabolisés ; n’en déplaisent aux indécrottables ayatollahs de la bienséance. Et à ceux qui arguent qu’un enfant né d’un couple atypique aura forcément des problèmes, listons donc les exemples de destins d’enfants brisés au sein de familles "comme il faut" ; les actualités en regorgent !

S’il suffisait qu’on s’aime. C’est le titre de cette bande dessinée, c’est aussi le soupir que poussent, rêveurs mais décidés, ceux qui n’aspirent qu’à vivre comme bon leur semble (et sans pour autant se soustraire aux règles du jeu) leur vie et leur façon d’aimer. C’est leur appel à l’intelligence des autres.

Au rythme de l’actualité sociétale et des choix politiques des années 2000, au fil des avancées et des reculs dans les consciences, Julie et Daphné sont obligées de vivre en se posant mille questions qu’un couple homme-femme n’a jamais à se poser. Cela leur pourrit la vie alors qu’elles devraient pouvoir vivre pleinement leur liberté de s’aimer et d’avoir un enfant si elles le souhaitent. Dans ce témoignage, elles nous font part de toutes leurs réflexions, de tout ce qu’elles lisent dans les regards des autres, de tous les obstacles qui sont mis sur leur route par une société qui pourtant "ne leur veut que du bien". C’est épuisant pour elles de se battre pour avoir droit, et on compatit pleinement, d’autant que la difficulté de leur parcours les fait régulièrement douter et que s’invitent toujours de nouvelles problématiques (comment sera conçu l’enfant, qui de nous deux le portera, etc…). On comprend qu’on n’a pas affaire à des extra-terrestres, à des gens sans cervelle ou à de cyniques calculateurs ayant à coeur de mener le monde à sa perte. Daphné et Julie, comme trop d’autres, sont simplement des êtres humains qui aiment et qui veulent avoir le droit d’aimer comme bon leur semble.

Beaucoup de livres et de BD traitent du sujet. En parler, c’est déjà porter les choses aux yeux du plus grand nombre. Puissent les gens faire le point en leur âme et conscience et se rendre compte, au final, de ce qui est le plus important sur Terre. Peace and Love.
 

Par Sylvestre, le 30 janvier 2023

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