ROUGE EST MA COULEUR
Rouge est ma couleur

 
David est flic. Il fait équipe avec Carl et ensemble, ils traquent les dealers ; les petits, les gros. Un jour, une mission tourne mal et Carl meurt. David perd donc un ami, mais aussi sa femme : celle-ci le trompait avec… Carl ; elle est donc partie.

David a tout perdu, et sombrer dans le malheur semble inévitable… "Tout perdu" ? Mais au fait, non ! Il lui reste sa fille, Zoé. Celle-ci est en hôpital psychiatrique. Elle se drogue mais a bien l’intention de s’en sortir. David vient alors un jour la chercher… A deux, on est plus forts.
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

2 avis sur ROUGE EST MA COULEUR # – Rouge est ma couleur

Chauzy m’épate, il arrive avec cet album très vif, très dur, à complètement prendre son lecteur habituel à rebrousse poil. On est dans la rue pour accompagner ses personnages dans la crasse de leur vie, de leur problèmes, de cette spirale infernale. Le côté "croquis" finit par très vite rajouter de la vibration aux plans, le regard tremble aussi, il se glisse contre les hachures de l’ombre, devine les traits du visage qui s’efface et ressent la moindre flaque ou les pieds de Zoé se jettent !
Cette histoire est donc une vraie claque, du polar bien sombre, desillusionné, tragique, les êtres s’abandonnent, ils se déchirent et le lecteur ne pense pas une seconde à s’identifier à eux. Tout les éléments d’un bon gros récits série noire sont présents, l’enquête, les héros losers, les évènements qui vont trop vite et surtout les destins qui s’effilochent.
Chauzy m’épate, il m’émerveille surtout, un one-shot à lire en silence en imaginant la musique de Zoé…

Par FredGri, le 9 octobre 2005

 
"Oh ! Ce dessin ! Non, je ne m’y ferai pas". Voilà le genre de réaction qui m’échappe lorsque j’ouvre pareille BD. Un graphisme proche du brouillon encré, des traits gras, noirs, enchevêtrés, jetés sur le papier comme des traces que laisseraient des coups de fouets… Bref, grosse réticence au premier abord ! (C’est le premier Chauzy que je lis)

Mais j’ai appris à ne plus m’arrêter sur une première impression, surtout lorsqu’il s’agit d’une œuvre courte. Et bien m’en a pris, car ce dessin perd remarquablement son aspect "brut de décoffrage" grâce à ses couleurs. Encore une fois, attention, elles sont spéciales, elles semblent jetées sur le papier comme des éclaboussures, mais le mariage est heureux : Rouge est ma couleur voit défiler toute une série de filtres de couleurs en fonction des scènes. Le rose sale des quartiers chauds, le vert pâle fluo des éclairages froids, les reflets des lumières de la ville sur le pavé humide… Ca rend finalement très bien, et c’est judicieusement utilisé.

Il faut dire que ce style est là au service d’une histoire des plus tristes. En effet, le scénario du roman de Villard, découpé par lui-même pour la BD, ne nous épargne rien. On échappe au monde normal pour ne plus évoluer que du mauvais côté de la barrière : drogue, dealers, sexe, flics ripoux… Une lueur d’espoir plane dès le début au travers la volonté de Zoé de vouloir sortir de la drogue, de vouloir reprendre la musique, de retrouver celui qu’elle aime… Mais la spirale de la dépendance reprend vite le dessus. "Juste un peu, après j’arrête". Même les réunions du style "drogués anonymes", à La Porte Magique, replongent Zoé dans ce monde pourri puisqu’elle veut aider son père, enquêteur, à régler l’ affaire du meurtre de son collègue… qui a eu lieu dans le cadre d’une opération anti-stup. Bref, le chat retombe sur ses pattes, mais toujours du mauvais côté de la lumière.

Un roman qui fait sentir le fond. Ou plutôt qui nous raconte la chronique de gens normaux qui n’auraient pas touché le fond s’ils n’étaient pas tombés dans le piège de la drogue.

La fin arrive. Aussi belle qu’elle est triste. Les couleurs ont disparu pour laisser la place au blanc de la neige. Ces couleurs qui m’avaient tant gêné au départ, mais que j’ai presque regrettées à la fin de ma lecture, car finalement, elles sont quand même symbole de vie.
 

Par Sylvestre, le 28 septembre 2005

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