Rosario

Au début des années 30, la grande ville portuaire de Rosario en Argentine vit au rythme de son inhumanité entretenue par une injustice et un autoritarisme ambiant particulièrement détestables. Dans cette atmosphère non sécurisante dans laquelle se complaisent la pègre locale, les anarchistes et le pouvoir en place, Rogelio Duràn, violoniste de talent, rencontre incidemment la troublante Raquelita. Avec cette dernière, il entame une relation sentimentale jusqu’à ce qu’elle disparaisse sans laisser de trace. Désemparé par le départ subi, Rogelio se doit de combler ce vide et fait la connaissance de la belle Agata. Fille du parton de la mafia de Rosario, la jeune femme profite du désarroi de son amant au point de lui faire subir sa domination. Malgré tout, Rogelio ne peut oublier son ancienne égérie et interroge à ce sujet les personnes qu’il côtoie, même Agata. Mal lui en prend car certaines questions n’ont pas à être posées et en aucun cas, à des opposants au mafieux. Surtout que d’autres dérapages de sa part vont lui être imputés et vont le pousser douloureusement au meurtre.

Par phibes, le 19 avril 2015

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Notre avis sur Rosario

Rosario est le produit de l’association entre deux auteurs d’origine étrangère. Le premier, Carlos Sampayo, scénariste de son état, est né en Argentine et le second, Claudio Stassi, dessinateur, en Italie. Tous deux rejoignent la maison d’édition Ankama et par ce biais, viennent, grâce à leur ouvrage, compléter la sulfureuse collection Hostile Hoster.

En grand connaisseur de l’Histoire argentine, Carlos Sampyo nous livre une équipée complète qui nous plonge dans la cité portuaire de Rosacio des années 30, au temps où celle-ci subissait la mainmise du crime organisé. A l’appui de ce cadre oppressant, l’artiste introduit son personnage principal, un violoniste de talent qui a la spécificité d’être incarcéré pour avoir perpétré un assassinat et de raconter son calvaire via une lettre ouverte à son ami.

A n’en pas douter, les péripéties narrées sont des plus intéressantes par le fait qu’elles mettent très bien en évidence le malaise d’une société à la Chicago des années de la Prohibition, gangrénée par divers groupuscules pour le moins puissants (la mafia de Don Chicho, la Zwi Migdal de Noé Trauman, le groupe anarchiste des musiciens…), prêts à tout, par compromission ou par affrontement, pour se faire une place au sein de la cité. Dans ce chaos pesant et dangereux, Rogelio cherche son inspiratrice, et pour la trouver, se doit d’adapter son comportement en trahissant, en pactisant, en conciliant et en tuant.

Malgré tout, si cette histoire possède un certain capital par le fait que Rogelio a un parcours tortueux qui passe par les organisations antagonistes, on pourra regretter un manque de fluidité dans le scénario qui se déroule de façon plutôt saccadée. Certaines transitions sont parfois un peu trop abruptes et gênent la lecture.

Côté illustration, Claudio Stassi nous assure d’une très belle réalisation. Sa couleur directe que l’on a déjà pu apprécier dans C’est pour ça que je m’appelle Giovanni, son trait plutôt vaporeux qu’on lui reconnaît, conforte la perception historique de l’équipée. Les décors sont fort bien inspirés et ses personnages ont une certaine présence.

Une histoire complète historiquement entreprenante menée généreusement malgré quelques petits soucis de fluidité.

Par Phibes, le 19 avril 2015

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