ROSA
Le Pari

Rosa tient une auberge de campagne dans laquelle viennent boire, jouer aux cartes et se disputer les hommes du village, facteur, forgeron, paysan …
Un soir où ils sont plus en verve et plus chauds que d’accoutumée, les invectives graveleuses tournent au pari stupide.

Par olivier, le 3 février 2015

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Notre avis sur ROSA #1 – Le Pari

Mariée à 16 ans à Mathieu veuf de 31 ans, propriétaire de sa ferme, rustre, grossier, ayant tous les droits sur sa propriété y compris sa femme.
Mais malgré sa jeunesse et son inexpérience, Rosa a un caractère bien trempé et sa réaction face à la violence de son mari le laissera décontenancé. Rosa va, en quelque sorte apprivoiser son époux, installant petit à petit une relation d’affectueuse amitié.

Mais les malheurs s’abattent sur le couple, la ruine, la maladie qui s’empare de Mathieu et le garde au lit, pris par les poumons. Rosa n’a qu’une idée, envoyer son mari dans un sanatorium, mais l’argent lui manque cruellement.

Dans son estaminet, le pari d’un soir, loin d’être oublié le lendemain par ces pochards prend de l’ampleur. Ce qui est parti d’une querelle entre Alphonse le fermier et Gustave le forgeron fait maintenant l’objet d’un pari qui dépasse même le cercle des hommes du village. L’enjeu du pari fini par se monter à plus de 12000 francs (nous sommes au XIXe siècle), 1000 francs par parieur, la somme fini bien évidemment par attirer de plus en plus d’amateurs d’autant que le pari est une histoire d’hommes : qui es le plus doué pour la bagatelle ?

Seul problème, comment les départager ?

François Dermaut, le dessinateur de Malefosse et des Chemins de Malefosse est de retour avec un récit puissant, humain, une magnifique galerie de portraits haute en couleurs.
Son personnage principal de Rosa, femme de tête, mais discrète et attachante, capable de dire non à une règle sociale ancrée dans les mœurs, une condition féminine qui, à l’époque et dans les fermes peut être assimilée à un vague mélange de domesticité et d’esclavage.

Entourée par un essaim de seconds rôles masculins, tous plus vrais que nature, adultes au comportement de collégiens, prêts à toutes les extrêmes pour savoir qui à pissera le plus loin.

C’est sordide, joyeux et truculent comme une nouvelle de Maupassant, de la gauloiserie teintée d’amour et de tendresse.

La presque totalité du récit est en huis clos, peu de scènes extérieures, ce qui concentre l’histoire sur le caractère des personnages, leurs envies, leurs passions, leurs doutes, toute la palette des pensées humaines qui affleure dans un mot, une expression.

Le dessin est à l’égal du scénario, magique dans son expression des émotions. Les regards et la gestuelle portent les mots et laissent les passions d’épanouir dans un maelström de sentiments.

Un récit prenant magnifiquement traité par François Dermaut, certainement un de ses plus beaux albums.

Par Olivier, le 3 février 2015

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