ROI DES MOUCHES (LE)
Sourire suivant

Eric a le sac avec lui, il arrive au bout de sa réserve d’amphés, il roule, il pense à Karine, à ce bébé qui arrive, à Ringo qui l’attend, mais ou es-tu passé ? Il roule, s’arrête, vomi dans l’herbe, des chasseurs s’approchent de lui, il repense à Sal, à ses cuisses, il rebrousse chemin, revient vers Karine et repart errer… Il aperçoit la jeune Lisa du coin de l’œil, revenir vers elle plus tard, la BM est un piège à chatte, l’argent dans le sac, le ramener à Ringo, mais ou est cette foutue Quille ?

Par fredgri, le 6 février 2013

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Notre avis sur ROI DES MOUCHES (LE) #3 – Sourire suivant

On commence en suivant Eric Klein, en plein trip, qui tente en vain de quitter cette ville, ces embrouilles. Tout s’entrecroise, les chasseurs en livrée qui le trouvent vomissant sur le bord de la route, embryon de pensée et réflexions sur Marie, sur Denis, sur ce sac qu’il se trimballe, sur Karine enceinte… On se lance donc dans cette "histoire" sans trop réfléchir, en se prenant les textes de Pirus en pleine face, c’est frontal et dense, mais c’est surtout sublime !
Car quelle expérience que cette lecture !

On revient au rythme des précédents volumes, un découpage en courts chapitres (entre 5 et 9 pages), chacun dans la tête d’un personnage différent. Et ainsi on découvre progressivement le récit, les évènements sans perdre une seconde le lien intime qui lie le lecteur aux protagonistes, sans oublier l’aspect extrêmement subjectif de cette série qui préfère prendre le parti des personnages plutôt que du récit, quitte à accentuer les ellipses, les non-dits, voir même à brouiller les pistes.
L’écriture est donc très dense et réellement très adroite. On lit 10 pages et on a le sentiment d’en avoir lu 60 tant c’est intense et riche en impression !

Alors oui, Eric est à la finale le principal narrateur. Mais on voit arriver deux nouveaux visages: Lisa, la petite sœur de 14 ans de Marie, et Denis.
Dès les premières cases sous la voix de Lisa on est marqué par l’habileté de Pirus qui transforme complètement son propre langage, jouant sur les smileys, les phrases très courtes ou se mélangent les impressions et le cynisme de cette gamine qui promet d’être peut-être la plus "tordue" du lot, la plus inquiétante.

"Sourire suivant" semble donc tout de suite passer à la vitesse supérieure. Le récit est régulièrement troublé par les passages "Eric" ou se croisent délire halluciné, inquiétude et désillusion sur le monde qui l’entoure, comme si dorénavant plus rien d’autre que le cul, l’extas ne l’intéressait, se sortir de tout ça à tout prix ! Pirus présente donc un univers qui part à la dérive ou chacun a du mal à juste tenter de garder le contrôle de sa vie, de ne pas sombrer. Tandis qu’autour d’eux les valeurs s’affaiblissent, le modèle familial flanche, quand bien même il pourrait, finalement, être la dernière bouée de sauvetage !

Bon, c’est vrai que "Le roi des mouches" n’est pas une série très gaie, malgré tout quelle virtuosité chez ces deux artistes !
Cette intrigue se dévoile comme un puzzle complexe qui nécessite plus d’une lecture. Mais quelle cohérence, quelle beauté hypnotique derrière ces longs monologues intérieurs qui nous font entrer dans un monde fascinant et sombre à la fois ! Les textes de Pirus sont donc un régal de lecture, parfois brefs et concis, elliptiques ou bavards ils délimitent une pensée globale torturée et dure qui m’a souvent beaucoup touché et interpelé.
Mais ce qui est vraiment habile c’est qu’en contre partie l’intrigue générale passe quelque peu en second plan et ça c’est particulièrement bien trouvé.

De plus, la maestria de Mezzo vient rajouter à l’ambiance générale, un art finement ciselé du cadrage. Il garde son gaufrage régulier, saute d’une scène à l’autre, mélange par-ci par-là le fantastique au réel, passe en caméra subjective le temps d’un geste de la main, le tout admirablement ombré et mis en couleur par Ruby qui ici démontre bel et bien qu’elle fait partie intégrante du "duo" surdoué !

Il y aurait tant à dire sur cet album, bien plus que ce que je laisse transparaître dans cet avis, c’est pourquoi je vous laisse découvrir tout ça par vous même. Et même si ce voyage est éprouvant et exigent vous n’en ressortirez pas indemne !
Suivez mon conseil, n’attendez plus !

Par FredGri, le 6 février 2013

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