RIP
Derrick, je ne survivrai pas à la mort

Quadragénaire émacié à l’allure négligée, sans réelle ambition et rongé par une profonde amertume, Derrick côtoie la mort au quotidien. Bossant sans envie dans une boîte qui détrousse les gens laissés pour compte qui ont passé naturellement ou volontairement l’arme à gauche, il aspire en se morfondant à de meilleures conditions. Malheureusement, le fric fait partie des grands absents et ce n’est pas son entourage familial et professionnel qui va lui en apporter. Le jour où il découvre une bague de grande valeur sur le cadavre putréfié d’une vieille, il décide de donner un coup de pouce à sa destinée et dérobe l’objet à l’insu de ses collègues et patrons. Cette initiative malheureuse va avoir des conséquences insoupçonnées au point de tourner rapidement aigre.

Par phibes, le 19 juillet 2019

Publicité

Notre avis sur RIP #1 – Derrick, je ne survivrai pas à la mort

L’éditeur Petit à Petit a décidé de jouer avec la sensibilité de ses lecteurs en invitant ces derniers à parcourir une nouvelle série qui (il suffit de lire le titre RIP – acronyme de Requiescat in pace) fait fi du politiquement correct. Concoctée par deux artistes on ne peut plus motivés et inspirés par leur sujet, elle se veut s’attacher à conter les destins croisés de six personnages dans des péripéties contemporaines et résolument glauques.

Comme il se doit, ce premier opus donne le ton de cet arc tout en s’attachant à nous faire découvrir le contexte général ainsi que l’un des protagonistes, Derrick. Force est de constater que les adeptes des récits sordides aux mouches bien collantes se délecteront de ce volet qui se veut résolument sordide. A la faveur d’une amertume bien pesée, Gaet’s nous introduit dans un récit chapitré horrifique, sombre, sans une once d’espoir et sous son couvert, dresse, par narration intimiste, le portrait de son premier protagoniste. Peu ragoutant, vivant quotidiennement avec la mort caractérisée par des cadavres liquéfiés, grouillant de vers, ce dernier va être à l’initiative d’une intrigue poisseuse qui va générer des péripéties ô combien délirantes et par ce biais, animer par une belle brochette de personnages hors normalité (dont on appréciera leur véritable nature au fil des tomes).

De son côté, Julien Monier s’en donne à cœur-joie. Dans un style graphique un tantinet caricatural, l’artiste joue avec brio sur une partition lugubre qui sied à l’histoire et qui fait évidemment mouche. Bien que macabre et ignoble, son univers pictural n’en demeure pas moins complètement attrayant et marque profondément et efficacement notre sensibilité.

Un premier opus particulièrement entreprenant, assurément pas de tout repos, qui donne atrocement envie d’aller voir le prochain. Rendez-vous donc fin août 2019 pour découvrir un autre personnage, le vieux Maurice.

Par Phibes, le 19 juillet 2019

Publicité