RIO
Dieu pour tous

A Rio, Alma renseigne Jonas, un flic frauduleux, sur les trafics de drogue qui s’opèrent au cœur de la favela miséreuse Beija Flor. Après avoir tenté de faire pression sur le policier pour sortir de sa condition pitoyable, elle est sauvagement assassinée par ce dernier, en présence de Rubeus, son fils. Celui-ci parvient à s’échapper et à rejoindre sa petite sœur Nina. Ne sachant plus où aller, ils finissent par échouer, après une sinistre nuit à la belle étoile, à la soupe populaire. Là, les deux enfants font la connaissance de Bakar, un enfant des rues pour le moins audacieux, qui ne tarde pas à les entraîner dans sa bande de jeunes voyous. Rubeus, désormais responsable de Nina, va alors gravir un échelon de plus dans la délinquance. Les deux enfants semblent irrémédiablement perdus à moins que quelque chose d’autre leur permette d’infléchir leur triste et sombre destinée.

Par phibes, le 26 avril 2016

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Notre avis sur RIO #1 – Dieu pour tous

A l’instar de la saga de Richard Marazano et Michel Durand intitulée Cuervos, Louise Garcia nous plonge dans les ambiances miséreuses et violentes des favelas de la ville de Rio, ces quartiers démunis où la précarité et l’insalubrité peuvent cacher les trafics les plus vils. Fort de ses grandes connaissances en la matière (elle a vécu au Brésil), la jeune scénariste peut se targuer de bien marquer son entrée dans l’univers de la bande dessinée en nous contant la destinée tourmentée de deux jeunes enfants issus de ce milieu défavorisé.

Force est de constater que le parcours de Nina et de Rubeus passe par des moments d’une intensité incroyable. Les deux personnages nous entraîne, pratiquement dès le départ, dans un rythme effréné et dans une sensibilité à fleur de peau, dans leur univers qui n’élude ni violence, ni confort moral et physique. Aussi, grâce à cette tonalité ambiante grave et pour le moins envoutante, on suit les deux enfants portés uniquement par leur instinct, leur envie de survivre à leur destinée tragique, dans des confrontations impitoyables.

Véritable radiographie de ce qui peut être vécu de nos jours dans ces bidonvilles, le récit se veut très entreprenant et surtout émotionnellement haletant. La dureté de certaines scènes, la violence des personnages (les adultes vis-à-vis des enfants, les enfants entre eux…), l’indifférence générale, l’inégalité que l’on pressent, semblent contrarier tout espoir et pèsent de tout leur poids sur la lecture.

Côté dessins, Corentin Rouge réalise une prestation de grande qualité. L’artiste, d’un trait énergique et surtout réaliste qu’il a su faire évoluer avantageusement depuis Shimon de Samarie, parvient à donner une image incroyablement moderne, dramatique et complètement concluante. On sent que son coup de crayon est maîtrisé voire libéré de toute contrainte. Il suffit pour cela de voir comment il met en valeur ses décors, riches en détails authentiques et d’une profondeur extraordinaire. Pareillement, ses personnages sont caractériellement forts, ont une présence très intéressante et restent très convaincants dans leurs actes.

Une ouverture menée de main de maître, à la fois dure et émouvante, qui nous donne réellement envie de voir comment la destinée des enfants Rubeus et Nina va évoluer. Suite au prochain épisode… et vite !

Par Phibes, le 26 avril 2016

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