RIO
Chacun pour soi

Sept mois après avoir éliminé Mozar, Rubeus White est devenu le chef incontesté de la favela Beija-Flor. Grâce à son autorité et à la chasse qu’il a faite aux trafiquants de drogue, cette dernière s’est développée et a gagné en sécurité. De même, tel un Etat dans l’Etat, il a organisé une microéconomie indépendante qui, bien évidemment, nuit aux intérêts de la caste politique de Rio de Janeiro. Aussi, ce pied de nez de Rubeus repris par une chaîne de télévision incite le gouvernement brésilien à prendre une résolution guerrière dirigée par le gouverneur Soares sous le couvert du Président brésilien. La réappropriation des territoires est amorcée. Est-ce la fin de la favela Beija-Flor ou au contraire, la consécration du jeune leader ?

Par phibes, le 30 août 2019

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Notre avis sur RIO #4 – Chacun pour soi

Toujours dans une ambiance sulfureuse, Louise Garcia et Corentin Rouge viennent nous livrer l’ultime volet de leur saga dédiée à l’émancipation d’une favela de Rio de Janeiro sous l’impulsion de son nouveau leader, Rubeus. C’est donc dans un affrontement pour le moins déséquilibré que le lecteur est plongé, entre une communauté en voie de développement et en quête d’indépendance, et une institution politique qui veut rester maitre de tout son territoire.

Après avoir suivi l’ascension pour le moins dramatique de Rubeus durant trois albums, nous retrouvons maintenant à la tête de ce quartier perché défavorisé promis à de véritables représailles. Une fois encore, on restera bluffé par la confrontation mise en exergue qui a la particularité de se mêler à d’autres évènements terribles. Dans des ambiances de corruption, de prises d’intérêts illégaux, de manipulations vaudous insidieuses, l’on assiste à un nouveau déchaînement de violence qui met en balance la survie de toute une favela.

Louise Garcia révèle sans retenue les aboutissements d’une histoire réglée de main de maître, aux accents tragiques on ne peut plus prégnants. Se faisant fort de taper là où ça fait mal, jonglant entre décisions politiques radicales, ensorcèlements psychologiques et combats de rue, elle vient clore, armes à la main, le parcours de son héros des rues Rubeus dans une efficacité redoutable et dans des effets chaotiques saisissants.

Il va de soi que cette atmosphère explosive se veut dévoilée au travers d’une partition graphique on ne peut plus percutante. Au trait comme à la couleur, Corentin Rouge trouve le moyen de marquer profondément. A la faveur d’un réalisme époustouflant et d’une dynamique frappante, il montre ses larges aptitudes à croquer toute sorte de situations. On en veut pour preuve les superbes plans de la favela sous le feu de l’armée gouvernementale et sous les intempéries diluviennes. De plus, le travail sur la représentation de ses personnages, sur leurs expressions les plus fortes, dénotent une réelle brutalité.

Une « fim » des plus remarquables pour une saga solide, violente et extrêmement marquante.

Par Phibes, le 30 août 2019

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