RIO
Carnaval sauvage

Rubeus White n’a pas pu sauver sa sœur Nina victime indirecte d’une guerre meurtrière entre deux gangs de la favela Beija Flor. Inconsolable, le jeune homme s’est rendu auprès de Capitu, la médium qui vit sur les crêtes du bidonville brésilien afin d’obtenir des réponses, en particulier sur sa mère décédée. Sous l’emprise de cette dernière, en pleine transe, la sorcière l’exhorte avec force à venger les siens en faisant tomber les seigneurs de la favela et à prendre leur place. Evidemment, Rubeus ne s’aperçoit pas que Capitu le manipule pour ses propres desseins. Pendant que son père adoptif cherche à obtenir des aveux sur la tuerie de la Candelaria dans laquelle nombre d’enfants ont trouvé la mort, Rubeus, de retour dans la favela, assure à sa guise la gestion de l’ONG de Céu Azul. Ce qui n’est pas pour plaire à l’ambitieux Zé Rico qui coiffe tout un réseau de commerçants et qui a décidé, devant l’effronterie du jeune homme, de le mettre au pli via son bras armé Mozar. Alors que ses parents adoptifs ont quitté le sol brésilien et qu’un vent de trahison souffle sur le gang de Mozar, Rubeus entame sa propre vendetta.

Par phibes, le 17 février 2018

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Notre avis sur RIO #3 – Carnaval sauvage

Après une fin de deuxième opus sans appel, Louise Garcia et Corentin Rouge nous replacent via ce nouveau tome un mois après le drame qui a touché la famille White et qui a poussé Rubeus à s’interroger sur les déclarations intrigantes de la mystérieuse Capitu. De fait, nous replongeons dans cet univers communautaire pour le moins violent dans lequel le jeune albinos, désormais seul, cherche à trouver sa place.

Sous des accents délétères de manipulation, de corruption et de férocité sociale, les coscénaristes font monter d’un gros cran leur récit. Rubeus, toujours aussi incontrôlable, se voit associé à une guerre intracommunautaire ouverte. Fort de ce contexte et de l’état d’esprit du jeune brésilien, les mélopées rythmées générées par le fameux carnaval de Rio ne vont pas calmer le jeu destructeur de la double vengeance à laquelle on se doit d’assister.

Aussi, le drame prend une nouvelle fois toute sa place, à la faveur d’une intrigue gérée de main de maître par des auteurs qui ont su lui donner un souffle inouï et puissant. A ce titre, l’on conviendra que son efficacité vient évidemment de son inspiration de faits réels mais aussi d’une volonté évocatrice imparable, sombre et sans retenue, qui vous remue efficacement les tripes. Aussi, l’espoir n’a plus lieu d’être dans cet univers défavorisé, où les armes font force de loi et où toutes les strates sociales semblent vérolées.

Le sentiment de puissance est renforcé par le remarquable travail graphique de Corentin Rouge. A n’en pas douter, cet artiste fait preuve d’une grande maîtrise dans son coup de crayon, à la fois moderne et très dynamique. Les différents plans qu’il nous offre témoignent d’une belle recherche sur ses décors brésiliens mais également sur ses personnages, d’une expressivité incroyable.

Un troisième épisode percutant, sauvage et impitoyable qui nous prépare à un final que l’on pressent peu porté sur l’espoir. L’avenir nous le dira.

Par Phibes, le 17 février 2018

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