Rêve d'Olympe

 
Samia Yusuf Omar a eu l’honneur de représenter son pays, la Somalie, aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008. Revenue au pays pleine de rêves pour l’avenir, l’athlète n’a plus eu qu’un seul objectif : s’entraîner pour être meilleure à Londres, en 2012, qu’elle ne l’avait été en Chine. Or, la Somalie est un pays ruiné par la guerre et les milices Shebab de Mogadiscio ont menacé Samia de mort car la place d’une jeune femme n’est bien évidemment pas sur une piste de course, jambes nues… S’accrochant à ses rêves, la jeune Somalienne, individu lambda, s’est arrachée aux siens pour tenter de rejoindre l’Europe. Comme de nombreux migrants, elle a trouvé la mort en Méditerranée. Elle avait 21 ans…
 

Par sylvestre, le 18 juillet 2016

Notre avis sur Rêve d’Olympe

 
On sait que les indécentes sommes que les migrants doivent débourser pour payer les passeurs ne sont pas proportionnelles aux chances qu’ils ont d’atteindre le but qu’ils se sont fixé. Le décompte est macabre et mois après mois les chiffres s’envolent ; tout comme les bateaux, de plus en plus petits, semblent accueillir à leur bord de plus en plus de malheureux ! Entassés dans des camions déglingués pour traverser le désert ou sur de petites embarcations pour traverser la Méditerranée, les migrants fuient la pauvreté ou la guerre. Chaque année, ce sont des dizaines de milliers de candidats qui se lancent sur les routes de l’exil dans l’espoir de pouvoir atteindre l’Europe et y gagner leur vie.

Les media en parlent souvent, Lampedusa est un nom tristement célèbre… Ces migrants qui arrivent chez nous nous bousculent : ils ne sont plus seulement des inconnus qui meurent loin de chez nous, ils sont ceux qui viennent mourir jusque sur nos plages ! On est tous au courant, on ne sait plus quoi faire, les pays referment leurs frontières devant cet afflux de pauvreté et de désespoir.

Des bandes dessinées déjà ont parlé de cette situation humanitaire catastrophique en nous faisant vivre ces "traversées de la mort". On connaît par exemple De l’autre côté, une BD réalisée par Léopold Prudon aux éditions Les enfants rouges, ou Etenesh, de Paolo Castaldi, aux éditions Des ronds dans l’O. Aujourd’hui, aux éditions La boîte à bulles et en partenariat avec l’association France terre d’asile, on salue la parution en version française de ce Rêve d’Olympe signé Reinhard Kleist qui nous interpelle d’une autre manière en dressant, en plus de nous raconter son calvaire, le portrait d’une "people" : l’athlète olympique somalienne Samia Yusuf Omar qui, toute athlète olympique qu’elle a été, est morte, comme le plus misérable des migrants inconnus, dans l’indifférence totale, au milieu de la mer Méditerranée.

Cette BD nous touche donc très profondément car on ressent plus que s’il s’était agi d’un quidam la notion de destin brisé. Le noir et blanc de Reinhard Kleist est rustique mais réaliste en son genre ; voilà qui nous rend plus proches encore de Samia. Enfin, cette lecture vous donnera forcément envie à vous aussi, après l’avoir parcourue et après en avoir lu la préface et la postface, d’en savoir encore plus sur cette jeune espoir du sport somalien fauchée en pleine ascension. Le réseau social Facebook a son importance dans le récit : c’est lui qui introduit la narration à la première personne. En y surfant et en y soumettant le nom de Samia Yusuf Omar (quelques vignettes inviteraient presque à le faire !), vous tomberez sur des photos, sur des témoignages et sur des hommages. Rêve d’Olympe compte parmi ces derniers ; sur papier.
 

Par Sylvestre, le 18 juillet 2016

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