Le retour

On vient de retrouver le corps de Cristobal, sur une des routes de son île natale. Sa voiture est complètement défoncée, comme après un accident, sans coupable… L’enquête est inéluctable, après tout l’artiste était mondialement reconnu, et son aura médiatique a définitivement changé le paysage de l’île, son infrastructure, son âme… Il faut absolument découvrir ce qui a bien pu lui arriver… Et pour cela, il faut commencer par explorer le passé…

Par fredgri, le 28 février 2017

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Notre avis sur Le retour

Bruno Duhamel se lance, ici, dans son premier roman graphique en solo ! Et pour cela, il rend une sorte d’hommage assez lointain à César Manrique et à son île de Lanzarote que ce dernier transforma selon ses aspirations artistiques, en privilégiant le rapport à la nature, à son volcan…

Cristobal décide donc, en rentrant d’un long séjour aux États Unis, de réinvestir son île natale pour la sauvegarder des agressions commerciales que veulent imposer les cabinets immobiliers et le gouverneur en place. Il lui faut donc se battre, alarmer les médias et jouer de son prestige artistique pour que le grain de sable deviennent pavé puis montagne !
Pour dynamiser son récit Duhamel se sert donc du vague prétexte d’une enquête sur la mort de l’artiste, et donc l’exploration de son passé et de ses connaissances.

Tout le propos tient ainsi sur le projet de Cristobal et sur son implication au fil des années, comme une sorte de revanche sur son passé, sur son histoire. Ce qui a pour conséquence directe de vider le personnage de son humanité. Il ne dégage aucune émotion, aucun charisme. C’est un homme/bloc pratiquement possédé, qui reste silencieux sur ce qu’il éprouve, mis à part ses grandes déclarations devant les médias.
Et c’est peut-être ce qui manque le plus dans cet album, un "personnage" avec une aura qu’on peut palper, ressentir profondément, une rage qui nous fasse vibrer, une cause à partager ! Certes, on comprend la démarche, son implication et les conséquences, mais ce Cristobal est tellement distant que même sa mort semble lointaine et finalement anodine, à l’exemple de cette minuscule silhouette sur la couverture !

Toutefois, et sans surprise aucune, le dessin de Bruno Duhamel est absolument parfait. Beaucoup d’expressivité, des couleurs savamment posées et un sens du cadrage, de la mise en scène qui donne une lecture particulièrement fluide et très agréable.
L’album est très beau, les planches nous entraînent dans un univers ou se mêlent le passé et le présent. Duhamel joue avec les ambiances colorées qu’il adapte selon les époques… Un pur plaisir des yeux !

Un album qui interpelle, donc. Très conseillé !

Par FredGri, le 28 février 2017

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