Retour à l'Eden

Issue d’une famille de six enfants, Antonia a eu une destinée des plus modestes. Ayant connue la misère sous le régime franquiste, elle s’est accrochée à la vie, une vie particulièrement ingrate qui lui a réservé beaucoup de souffrance et peu de bonheur partagé. Aussi, s’était-elle attachée à une photo souvenir de sortie à la plage en 1946 avec sa mère, ses sœur et frère et ami qui représentait en quelque sorte son petit paradis dans lequel elle aimait souvent s’y réfugier. Quelle est donc cet éden ?

Par phibes, le 28 décembre 2022

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Notre avis sur Retour à l’Eden

Un peu plus de deux ans après son roman graphique Le trésor du cygne noir, Paco Roca revient dans des dispositions intimistes en nous proposant un ouvrage dédié tout principalement à sa mère Antonia et à son existence peu enviable. C’est donc à partir d’un objet (une photo immortalisant une journée à la plage) précieux à ses yeux auquel celle-ci était profondément liée que l’auteur a construit son récit et s’est donc attelé à relater cette mère simple, résignée sur son sort, un parcours marqué par la douleur.

Se déclinant dans un format à l’italienne, cet ouvrage a la particularité de bénéficier d’une sensibilité remarquable tout en nous contant une histoire authentique on ne peut plus poignante. Sous le couvert de cette fameuse photographie qui, à première vue, n’a rien d’exceptionnel, Paco Roca dévoile un pan de l’histoire de sa famille, grevée par les effets douloureux de la guerre civile espagnole.

Faisant un tour assez complet des parents les plus proches d’Antonia, l’évocation reste d’un bout à l’autre riche en indices historiques et en évènements familiaux. On sera tout spécifiquement sensible au caractère de cette mère docile, soumise à une souffrance lancinante, décrit dans des termes simples et perceptiblement prévenants, via des situations précises suscitant de réelles émotions sans pour autant tomber dans le pathos.

Cette mise à l’honneur est complétée par un dessin qui vaut également par sa sensibilité prégnante. Paco Roca nous livre un travail très soigné, détaillé, expressif qui sied à merveille à cette évocation et qui renforce, eu égard aux instantanés choisis, la dureté de l’existence d’Antonia. Le choix sans excès des couleurs est également pertinent pour mieux caractériser certaines situations ou les époques dont il s’agit.

Un hommage vibrant à une mère courageuse à l’existence privée de bonheur qui vaut pour sa sensibilité et son réalisme confondant.

Par Phibes, le 28 décembre 2022

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