Femmes en voie de resociabilisation

Début mars 2008, comme une douzaine d’autres femmes, Sandrine Revel est venue suivre une formation de huit mois au CIDFF de Bordeaux (Centre d’Information des Femmes et de la Famille). Cette formation avait pour objectif de les accompagner vers la réinsertion professionnelle, vers un retour au salariat, voire vers un nouveau départ en qualité de chef d’entreprise.

Si toutes les participantes étaient dans cette dynamique de reprendre le chemin de l’emploi, Sandrine Revel était parmi elles avec sa casquette d’auteure bédéiste, désireuse de suivre leur parcours de formation et d’en témoigner.
 

Par sylvestre, le 16 avril 2010

Notre avis sur Femmes en voie de resociabilisation

Avec Sandrine Revel, on passe sans grand préambule la porte du CIDFF, et une fois cette porte franchie, c’est rapidement que l’on rentre dans le vif du sujet. Après une brève présentation des organisatrices du stage, un tour de table est fait sans trop qu’on en sache encore sur les participantes, et les choses sérieuses peuvent alors commencer : les stagiaires ne sont pas là pour rigoler, mais bien pour renouer avec la confiance en elles et recevoir des conseils qui leur permettront de remettre le pied à l’étrier en réintégrant le monde du travail.

Elles sont toutes différentes. Chacune a son vécu, et certaines sont loin d’avoir un CV vide. Mais la vie est telle que parfois, il faut changer les bougies pour que le moteur redémarre…

L’auteure Sandrine Revel a choisi de vivre ces huit mois de formation pour faire le point sur la situation précaire des femmes face au monde du travail et parce qu’elle aussi, en son temps, se souvient avoir été confrontée à des difficultés dans ses recherches d’informations et d’aide. Elle est néanmoins dans ce cas une personne dont les attentes sont totalement différentes de celles des autres femmes et à ce titre, on peut penser que même si elle veut comprendre au mieux ces femmes et leur démarche, il lui manquera un petit quelque chose : elle n’est pas dans leur situation. C’est un leitmotiv du journalisme : témoigner de quelque chose en étant là où ça se passe, mais sans pouvoir ou sans devoir intervenir…

Cela, Sandrine Revel le sait bien, et pour illustrer qu’elle a essayé de se faire la plus petite possible, pour mettre l’accent sur cette volonté de ne pas être la non-concernée qui démotiverait ou déconcentrerait les autres, elle s’est représentée sous les traits d’une petite souris (!!!) quand les femmes qu’elle a dessinées le sont, elles, de manière réaliste.

On n’assiste d’ailleurs pas aux exercices qui sont proposés aux stagiaires, encore moins à certains entretiens totalement confidentiels. Tout comme on ne suit pas l’une ou l’autre de ces femmes lors de l’un des stages qu’elles ont chacune eu à décrocher puis à suivre. Ce qu’il nous est donné de voir concerne plus ce qu’il y a "entre" : ce sont ces périodes charnières où les stagiaires ont vécu ce qui vient de se passer et sont dans l’appréhension ou dans l’attente de la suite, ces moments où elles décompressent ou bien où, au contraire, elles stressent. Ce sont ces moments que doit en effet choisir Sandrine Revel pour faire ses interviews et pour pouvoir ensuite les retranscrire par l’image sur le papier.

Certaines stagiaires décrochent. Les autres s’accrochent. Elles nous sont présentées un tout petit peu plus, une par une, de temps en temps, au fil de cette formation dont les phases s’enchaînent. Le dessin d’un arbre évolue, entre les chapitres. Avec ses branches fortes et les autres, moins résistantes. Un arbre qui symbolise le chemin parcouru, les remises en question qui sont demandées aux stagiaires et leur recherche des mots à mettre sur leurs ambitions passant par la mesure des forces qu’il leur sera possible de mettre en jeu pour atteindre leur objectif ou au moins s’en approcher, ne plus en avoir peur…

Sandrine Revel, par sa mise en page, par les portraits qu’elle dessine, par les plans qu’elle propose des espaces où se passe la formation et par la forme des bulles, véritables rails guidant la lecture, fait montre de sincérité et de proximité avec ces femmes qu’elle a côtoyées. Cette bande dessinée en noir et blanc Résurgences (Femmes en voie de resociabilisation) en tire tout le positif d’un reportage social qui, malgré un sujet assez pointu dans son genre, sait mener jusqu’au bout le lecteur touché par la démarche courageuse de ces femmes qui ont décidé de relever la tête.
  

Par Sylvestre, le 16 avril 2010

Publicité