RESEAU BOMBYCE (LE)
Stigmates

Poussés dans leurs derniers retranchements, Mouche et Eustache s’accrochent tant bien que mal à la dernière piste qu’ils leur reste pour retrouver Zibeline et le trésor de Gustav, la sordide demeure du docteur Brûck. Mais c’était sans compter sur les plans de Monocle et du Baron… L’heure des derniers réglements de comptes approche et avec elle sonne le glas d’un sombre destin…

Par melville, le 18 novembre 2010

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Notre avis sur RESEAU BOMBYCE (LE) #3 – Stigmates

Le Réseau Bombyce fait partie de ces séries qui ont marqué le monde du neuvième art par leur originalité, leur puissance graphique et leur propos. Les deux premiers volets, Papillon de nuit et Monsieur Lune, ont dès leurs sorties remportés un vif succès tant auprès de la critique que des lecteurs. Mais pour autant le coup du sort fait que parfois cela ne suffit pas et huit années ce sont écoulées avant que paraisse le troisième tome, Stigmates, mettant un point final à l’histoire du Réseau Bombyce. Et que tous les inconditionnels soient rassurés, Cécil nous offre une conclusion qui porte sa trilogie au rang de définitivement incontournable.

Le ton de la série est extrêmement dur, on y trouve la cruauté pernicieuse de certains des personnages qui relève de la dimension de la fiction, mais très vite on se retrouve comme envahit par un sentiment qui n’est plus de l’ordre du « fantasme » d’un bon polar. La cruauté prend une autre dimension qui renferme quelque chose de sincère, Cécil écrit avec ses trippes et bientôt cette rugosité de la « vraie vie » apporte au récit une profondeur et une résonnance qui touche, qui fait mal… Histoire intimiste dans un décor grandiose, le récit puise toute sa force de ce périlleux équilibre. Avec Le Réseau Bombyce, Cécil dépasse sa condition d’auteur de bande dessinée pour devenir un artiste du neuvième art.

Ce troisième volet, Stigmates, est certainement le plus violent moralement, l’extrême souffrance d’Eustache conditionnée par la haine qui le ronge est mise en exergue et se place en clé de voûte du récit. Au fil des pages et à l’aide de retours en arrière apparaissant comme des flashs, Cécil recoupe les deux intrigues qui animaient les premiers opus. La jeunesse d’Eustache dominée le tortionnaire Gustav et les sombres activités du Baron Harcourd trouvent désormais un lien dans l’horreur. Hanté par la désillusion, les amitiés se brisent sous le joug d’une douleur trop grande pour un seul homme, la solitude sournoise s’immisce et réclame son dû. Le destin s’acharne et achève ses victimes, l’auteur abat sa sentence amère et irrévocable.

Cécil fait preuve d’un grand talent de metteur en scène, par le choix des plans de vue et des cadrages il insuffle une dynamique à son récit, les dialogues percutants nous empoignent et emportent le lecteur. Son trait est toujours aussi méticuleux, il soigne les décors, les costumes avec une précision d’ofèvre… et saisit les émotions de ses personnages avec une justesse qui confère à son propos une densité, une richesse.
Pour ce qui est de la mise en couleurs, pour ce tome Cécil délègue la tâche à Tatto Caballero qui relève le défi haut la main. Ses couleurs ont un aspect un peu plus « lissé » que celles de Cécil mais elles distillent les différentes atmosphères avec force.

Le Réseau Bombyce est donc une série qui est désormais terminée, l’occasion pour tous ceux qui ne la connaîtrait pas encore d’y remédier. Tragique, amère et sombre, elle n’en est pas moins captivante. Une œuvre rare à lire sans faute !

Par melville, le 18 novembre 2010

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