Requiem blanc

 
Les années ont passé et bien des choses ont changé. Nous sommes en 2024 et le nouveau gendarme de la planète, ce sont les États-Unis d’Afrique. Après avoir mangé son pain blanc, l’Europe a perdu de son importance sur la scène internationale et cette tournure des choses n’est pas pour plaire à de nombreux Blancs, notamment aux activistes d’un parti extrémiste, le Parti de la Légitimité Blanche, soupçonné d’être en étroite relation avec l’organisation communément appelée l’Hydre qui perpétue des attentats contre le pouvoir Noir.

Dans ce contexte, Malcolm Lean a été recruté par le gouvernement des États-Unis d’Afrique et a pour mission d’identifier le cerveau de l’Hydre. C’est à Zürich, en Suisse, que Lean va commencer son enquête en y rencontrant des acteurs potentiellement intéressants, voire "mouillés"… Zürich où il a passé son enfance et où c’est donc en plus l’occasion pour lui de retrouver des lieux, des gens, et pourquoi pas des informateurs…
 

Par sylvestre, le 10 octobre 2014

Notre avis sur Requiem blanc

 
Comme un énorme vieux tronc qui resurgit à la surface d’une eau trouble après avoir dû séjourner trop longtemps dans les profondeurs, Requiem Blanc se rappelle à notre bon souvenir. Parue initialement dans la collection (A suivre), cette histoire serait sans doute restée dans la seule mémoire d’un petit nombre, puis vouée à l’oubli, si ses auteurs et leur éditeur ne lui avaient pas programmé une seconde vie.

La récente sortie (en mars 2014) de l’intégrale des trois volets de la BD Transperceneige des mêmes auteurs, et la sortie sur grand écran, un peu plus tôt, en 2013, du film Snowpiercer, ont assurément pesé dans la balance lorsque s’est posée la question de l’opportunité de donner une deuxième chance à ce Requiem Blanc. Et c’est ainsi que revient aujourd’hui, mise en couleurs de manière subtile et mesurée et toujours aux éditions Casterman, cette histoire réalisée dans les années 80 que le public avait découverte dans un noir et blanc "d’époque". (Quand 2024 paraissait très loin. Quand les tours jumelles étaient toujours debout, quand la SABENA existait encore et qu’on ne pouvait pas imaginer que ça pourrait changer !)

Pas de doute sur cette notion d’opportunité. Éditorialement, ça se comprend : il n’est pas idiot de ressortir, après les avoir retravaillées, les œuvres d’auteurs faisant un tant soit peu le buzz. Mais cela dit, on ne pourra que reconnaître que sous ses airs surannés, Requiem Blanc joue quelques partitions qui ne détoneraient pas dans le paysage politique actuel. Et c’est bien là la chance de ce roman graphique qui sinon, disons-le quand même, ferait un peu "ovni poussiéreux" et maintiendrait le lecteur dans son impression que cette science-fiction n’a malheureusement pas très bien vieilli et que cette lecture n’est ni très accessible, ni très claire, et sans doute trop statique au niveau de "l’action".

Des atouts et des faiblesses, donc, selon (et c’est bien normal) le regard qu’on porte sur cette BD. Selon si on est un lecteur qui a connu la version N&B et qui la redécouvre ici métamorphosée ou si on est de ceux qui ne la connaissaient pas du tout et qui la percevront comme une nouveauté ; avec le décalage que ça peut engendrer… Quoi qu’il en soit, on saluera le beau travail de "remise à flot" de cette œuvre que les amateurs de polars et d’ambiances lourdes seront sûrement les plus à même d’apprécier à 200%.

A lire aussi : le petit cahier supplémentaire proposant une interview des auteurs. Un bon outil pour replacer l’oeuvre dans son contexte.
 

Par Sylvestre, le 10 octobre 2014

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