Le repas des hyènes

Kubé a été entrainé par son père dans une clairière où sont regroupées les chèvres qui avaient disparues. Parmi ces dernières, se trouve une intruse que le garçon doit découvrir. Après avoir adapté sa vision, il parvient à la dénicher. Les compagnons de son père la capture et finissent par lui faire recracher le yéban qui l’habitait. De retour au village, Kubé est accueilli par son frère jumeau Kana qui, frustré de ne pas pouvoir être initié parce que né en second, le presse de questions. Evidemment, Kana crie à l’injustice à son père qui lui rappelle qu’il ne peut aller à l’encontre de la règle. Pourtant, Connaissant tout du rite des hyènes, il ne peut pas s’empêcher d’y assister et même de suivre Kubé et son père pour le repas des hyènes. Alors que celui-ci a commencé, surgit une hyène géante menaçante. Cette dernière s’est perdue et exige de bénéficier d’un guide pour l’accompagner. Son dévolu se porte sur Kana qui était venu prêter mainforte à Kubé et à son père. Son initiation au contact du yéban va commencer.

Par phibes, le 9 novembre 2020

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Notre avis sur Le repas des hyènes

Cet album est le pur produit de l’association de deux artistes qui se connaissent bien puisqu’ils ont déjà en commun L’anniversaire de Kim Jong-Il, paru en 2016 dans la même collection de chez Delcourt. Aurélien Ducoudray et Mélanie Allag reviennent donc sur les étalages pour nous narrer une histoire qui a toutes les saveurs d’un conte africain.

Manifestement, le scénariste aime traiter de sujets qui ont une certaine humanité. Le repas des hyènes en fait largement partie et a pour base de nous immerger dans des ambiances de traditions séculaires qui se doivent d’être perpétuées. Pour cela, on s’attache à suivre le parcours initiatique d’un jeune garçon qui se doit d’aller au-delà de ce que son père lui a appris, tel un apprentissage de la vie, une émancipation au-delà des croyances qui peut prendre toute sorte de formes, bienheureuses comme désenchantées, entre le bien et le mal.

A partir d’un séquençage intéressant, Aurélien Ducoudray ajuste son récit de façon tout d’abord à susciter notre curiosité (l’animation d’un enfant en association avec une bête féroce) et ensuite à bousculer notre sensibilité (le cours dramatique voir douloureux de l’initiation). On ne manquera pas, comme Kana, de se laisser emporter par le yéban géant dans sa quête mystérieuse et auréolée d’un fantastique prégnant.

La partie picturale dressée par Mélanie Allag a la belle particularité de laisser passer un message qui se veut à la fois pour les enfants mais aussi pour les adultes. A la faveur d’un trait doucereux et habile, elle anime un univers coloré plutôt bien représentatif de la culture africaine. Entre ses illustrations rituelles et celles métaphoriques disproportionnées, l’artiste assure une mise en images efficiente qui donne à cette fable initiatique toute sa dimension émotionnelle.

Un conte aux accents africains envoutants qui a le privilège de susciter de profondes réflexions.

Par Phibes, le 9 novembre 2020

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